Première Centurie du Khan-Ur
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[Récit - Bhur] Nouveau départ pour la troupe Fléau.

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Message par Armadillo Ven 17 Jan - 19:59

Les grincements métalliques incessants des machineries de la Citadelle Noire torturaient les oreilles des charrs. Avec le temps, ils finirent par les oublier. De la même manière qu’ils avaient appris à résister à la douleur au Farhar, à présent ils ne la sentaient que peu lorsqu’elle annonçait sa présence.

Le grand charr blanc se tenait dans le bureau dans la Sanglante, amer, où il restait encore les quelques notes rédigées par Bhur Cassedents. Il tenait dans sa patte une bouteille de whisky que lui avait apporté ce même légionnaire, comme à chacune de ses visites, tout en perdant son regard bleuté au travers du hublot qui offrait une vue imprenable sur Ashford. Il songeait à ses anciennes discussions avec le vieux légionnaire, et avait encore l’impression de sentir sa présence dans son dos, apportant des bouteilles pour mieux faire passer son prochain rapport. Le Centurion sentit un vent glacial s’engouffrer dans le bureau et se retourna. Mais non, cette fois-ci il n’y avait personne. Rien hormis la note laissée sur la surface lisse du bureau.

Ils s’étaient connu il y a quarante ans et s’étaient chacun sauvés la mise plusieurs fois. Aatrius avait tiré Bhur du Fléau, et Bhur avait épaulé Aatrius jusqu’à ce qu’il devienne Centurion. Ils se retrouvaient régulièrement pour parler des missions, des soldats, et de leurs progénitures ratées. Ce dernier sujet étant le plus glissant, il finissait souvent par un combat grossier et désordonné.

Il trouvait malgré tout que Bhur avait changé. Avec le temps, il n’était plus « Cassedents », celui qui avait écrasé son marteau dans la face de son ancien Centurion.  Il était devenu tempéré, calme et peu de choses étaient capables de le faire sortir de ses gonds. Aatrius s’était rendu compte que le vieux légionnaire avait des exigences étonnantes vis-à-vis de ses soldats. Il ne voulait pas faire d’eux de simples machines à tuer décérébrées. Il les voulait songeurs, réfléchis, hargneux, capables de trouver des tactiques surprenantes pour mener à bien les missions. Il voulait des soldats à la fois intelligents et redoutables, mais gardant en eux une part cachée, qui les aideraient à prendre les bonnes décisions le jour où il faudrait le faire. Aatrius esquissa un léger sourire, se souvenant avoir éclaté de rire lorsque Bhur lui avait annoncé que Sirius était un tel soldat. Cet imbécile voyait en Fléaudacier celui qui lui ferait honneur, celui qui mènerait sa troupe à la victoire, celui qui remplacerait ses fils traitres et déserteurs. Aatrius empoigna la note et commença brièvement à lire.

« Division au sein de la troupe. - Exclusion de Frappegarde et Portefléau. – Réunir. Réunir. Encore. – Interprétation d’humilité sous forme d’humiliation. – Amener à la compréhension.- Frappegarde atteint – Le retenir. Réunifier. – Jeunes. - Honneur ? - Amener les deux soldats à accepter les entraînements. – Amener les deux gradés à effectuer ce qu’ils exigent de leur troupe. – Réunifier. Encore. – Responsable de troupe. Je dois endosser. Je dois guider. Je dois protéger. – Fléaudébène prompt à se mettre en colère facilement. Haine retenue. Je dois l’amener à se contrôler. En parler au Centurion. - Duel à mort accepté s’il faut passer par là. – Pour la Sanglante. »

Les notes étaient en vrac, et lues d’une traite de cette façon, ne voulaient presque rien dire. Il fallait les imaginer mises en ordre. Il avait signé sa mort. Aatrius comprit que le légionnaire savait, à cause de son âge et de ses capacités physiques en déclin, qu’il allait mourir. Il avait déjà jaugé son adversaire, et ces notes le prouvaient. Mais le devoir devait l’emporter sur le reste. Il avait tout préparé pour l’avenir et savait que Sirius le remplacerait. Le Centurion avait perdu son plus vieux frère d’armes et son plus vieil ami. Il leva la bouteille en direction du hublot du bureau et prit une grande gorgée de whisky. Il se souvenait de Friilahr qui était arrivé pour lui apporter la sombre nouvelle. Aatrius avait demandé au légionnaire du Fer quels avaient été ses derniers mots. Et le légionnaire avait répondu : « On ne perd pas son sang-froid, soldat. ». Le Centurion avait incliné la tête en guise de remerciement. Lorsque le légionnaire du Fer se retira, Portecourroux retient son envie de briser ses os de poing contre un mur. Il lâcha un simple « imbécile. » entre ses crocs, mais il savait que ce moment arriverait un jour. Il espérait simplement que ce sacrifice, aux yeux des autres, n’aura pas été inutile jusqu’au bout.

Une leçon. Une leçon et à quel prix. Une leçon pour rappeler qu’il faut assumer ses actes et ses propos. Défendre ses convictions. Répondre présent lorsqu’ils sont mis en péril. Se battre pour eux. Rappeler qu’on ne distille pas les menaces de mort en vain. Rappeler qu'un soldat ou même un gradé peut mourir pour ses frères d’armes. Mourir pour eux, mais pas seulement. Mourir pour la légion.

Aatrius Portecourroux réfléchit. A présent, il fallait aller de l’avant et relever la troupe Fléau. C'était le deuxième légionnaire en moins de six mois. Pour le Centurion, la Première Centurie du Khan-Ur avait des airs de loup géant, affamé et insatiable, qui aurait toujours le dessus sur ses proies, mais qui se dévorerait lui-même s'il se retrouvait oisif un seul instant.
Si Fléaudacier avait été choisi légionnaire, alors il serait légionnaire de la Sanglante de la Première Centurie. Rien que le troisième. Retour à la Terre. C’était sans doutes la dernière mission de la campagne qui allait avoir lieu. A présent, le Centurion Portecourroux était plus que déterminé pour que cette dernière soit une réussite. Les missions d’abord. Le reste après.

La troupe Fléau avait à présent rapidement besoin d'une victoire. Le sang devait couler dans les rangs ennemis. Les fracas des armes devaient dissiper les doutes. Les cris de guerre, les clairons, devaient balayer le passé tumultueux comme le ferait une tempête de pluie dans un champ en flammes.
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