Première Centurie du Khan-Ur
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[Récit] Traqueur

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Message par Ignatius Mentem Mar 18 Fév - 16:06

~I. L'Humain.~

Il venait de s'écouler quatre ou cinq mois depuis la mort de Valnus, les enfants avaient tous repris un semblant de vie normale, retrouvant leur Troupe respective. Ignatius venait d'embrasser le déshonneur des Gladium, sa Troupe était morte et il en était le responsable. Un doux châtiment s'était abattu sur le Légionnaire, un châtiment juste aux yeux des Hautes Légions.

Dans les steppes d'Ascalon, on disait qu'une ombre errait, en haillons, le visage couvert de terre. Aussi crasseux qu'un Grawl, il faisait peine à voir, dévorant aux râteliers et vivant des larcins qui le maintenaient en vie. Sa vie misérable ne se résumait qu'à survivre, il aurait pû aisément mettre un terme à son existence mais il ne le voulait pas. Il n'avait jamais rien voulu, il se contentait juste d'être le reflet de ce que les autres désiraient de lui.
Il avait oublié la douce chaleur de la Citadelle, les instants francs que les Troupes vivaient, il ne lui restait à la bouche que le goût amer de celui qui ôte la vie de celui qu'il a toujours adrmiré. Il était abattu, il ne ressemblait plus à rien, pas même à un Charr. Lui qui avait toujours pris soin de lui pour être le plus parfait, un modèle pour sa Troupe, ses poils étaient désormais entremêlés avec de la boue, son pelage gris était devenu de la couleur de la terre et les tresses de sa crinière étaient à demi terminées. Seuls ses yeux d'un vert percant continuaient à rappeler aux voyageurs qui croisaient sa route qu'il avait autrefois un nom.

Dévorant ce qui semblait être la chair d'un ver des rochers qui aiment à se cacher dans les recoins des montagnes, Ignatius était assis contre une pierre, il n'avait rien entendu, mais des pas se rapprochaient doucement du lieu de son repas. Des bottes de cuir accompagnées du doux son des armes d'acier. La nuit était déjà bien avancée et on ne pouvait distinguer qu'une silhouette dans la pénombre, de forme humaine. Elle semblait ne pas avoir de torche et elle filait droit vers le Charr d'un pas lent et déterminé.
Arrivé à son but, elle se stoppa devant le Charr, l'observant ou le dévisageant, on ne pouvait pas le déterminer. Ignatius était toujours rivé sur son maigre repas, il ne leva pas un oeil vers la silhouette. Celle-ci s'avança doucement et tendit la main vers l'ancien Légionnaire, il eut un mouvement de recul et se releva soudainement, lâchant sa pitance. Il feula férocement, dévisageant son interlocuteur, de la bave s'écoulant de sa gueule, s'écrasant sur le sol rocheux. Il grogna vers son voleur qui répondit par un même grognement, bien plus féroce, empreint d'une volonté animale. Ignatius eut un mouvement de recul et tourna la tête sur le côté, essayant de distinguer un peu mieux celui qui avait plus de férocité dans sa voix qu'un Charr.

La pénombre continuait de le dissimuler mais il était relativement grand, presque autant qu'Ignatius. Un rictus fendit son visage, comme le fit entendre le petit son provenant de son visage. Il s'avança une nouvelle fois et tendit à nouveau la main, avec un peu plus de détermination. L'ancien Légionnaire parcouru sa main du regard et alterna entre cette-dernière et le visage de son interlocuteur. La main était comme un signe, une invitation, aucune animosité ne s'échappait de la silhouette, il était différent des autres Humains, moins enclin à la guerre et à la mort, il ne devait pas être Ascalonien.

Accepter?...Refuser?...Le tuer?...Non...Il a l'air amical...Il ne doit pas vouloir ma mort...Accepter?...Oui...Je n'ai plus rien à perdre...

Ignatius tendit une patte à son tour, fébrile et tremblante. Il se calma, son visage reprit une attitude moins guerrière, il continua d'essayer de dévisager l'Humain, sans succès. L'ombre éloigna ensuite sa main, n'attrapant pas la patte du Charr, il se retourna sans dire un mot et se mit à marcher. Ignatius se mit à le suivre, sans poser de questions.
Ils marchèrent pendant toute la nuit, jusqu'au petit matin, l'Humain devant, le Charr derrière. Après des miles et des miles, le duo s'arrêta au bord d'un fleuve et le guide se tourna vers le guidé, dévoilant enfin son visage.

Il semblait avoir la trentaine, son visage ciselé était marqué par de nombreuses marques, coups de griffes, de crocs ou bien des balafres. Ses yeux étaient d'un bleu comme le ciel et étaient surmontées par de longs cheveux noirs flottants au vent. Sa tenue était de cuir, parsemée de poches et maintenue par une ceinture ornée d'une aumônière ainsi que d'un crochet. Ses armes étaient rangées dans leurs fourreaux respectifs, une épée dont la garde se terminait par une tête de griffon et une petite dague à côté de son homologue plus imposante. Il portait également une cape, maintenue par une fibule dont l’emblème n'inspirait rien au Charr, il lui était inconnu.

L'Humain désigna le fleuve d'un geste évasif de la main, l'eau était claire et peu profonde, bien qu'elle ne fût très froide, la nuit venant à peine de faire place au jour. Ignatius était épuisé mais ne le laissait pas paraître, il porta un lent regard vers l'eau avant de retourner à son guide.

"Tu te dois d'être présentable devant les autres, tu ne vas pas être seul." fit-il d'une vois lente et grave, vierge de toute émotions.

Les autres? Quels autres? Où m'emmène-t-il? Pourquoi devrais-je être présentable? Qui est-il?...Ce n'était peut-être pas une bonne idée...

Le Charr se contenta de hocher la tête d'un geste lent et se dirigea vers l'eau, il ôta ses haillons en les arrachant à l'aide de ses griffes puis plongea dans l'eau, s'asseyant dans cette dernière. Elle commença à se tinter d'une couleur proche de la terre, enlevant doucement la crasse qu'Ignatius avait accumulé jusque là. Peu-à-peu, son pelage reprenait sa couleur d'origine, il enfonça sa tête dans l'eau pour enlever les restes de terre puis tourna son regard vers son guide. Celui-ci l'observait, les bras croisés, attendant que le Charr en ait terminé avec son semblant de toilette.
Croisant le regard d'Ignatius, l'homme déposa le lourd sac qu'il transportait jusque là et en sortit des vêtements de cuir, les mêmes que les siens, bien que la cape n'y était pas. Ils semblaient avoir été faits pour satisfaire la morphologie des Charrs. Observant un instant les vêtements puis l'Homme, Ignatius sortit de l'eau avant de laper rapidement son pelage pour enlever le plus d'eau possible. Il enfila ensuite les vêtements. Ils semblait avoir été cousus pour lui, embrassant parfaitement les formes de son corps. Sa crinière tombait doucement sur ses yeux, aussi l'attacha-t-il à l'aide d'une broche que venait de lui tendre son guide. Les haillons furent laissés à côté du fleuve, en proie aux animaux sauvages.

Dois-je le remercier? Non...Il ne semble pas vouloir ça...


"En route, tu mangeras sur place" fit l'Humain avant de reprendre la route, s'enfonçant encore plus dans les terres, accompagné d'un Ignatius toujours aussi silencieux, se contentant seulement de ne pas quitter l'Homme du regard. Il avait le pas vif, il semblait connaître chaque sentiers, chaque recoins des terres qu'ils traversaient, évitant soigneusement les regards sur ce duo qui pouvait provoquer les foudres de nombreuses personnes.

Après quatre heures de marche, Ignatius ouvrit enfin la gueule, posant la première question du voyage.

"Où va-t-on?..." fit-il, fébrilement.
"A la Forteresse, maintenant, tait-toi, économise tes forces. Ca ne fait que commencer." répondit l'Humain, impassible.

Ignatius ravala sa salive et ne prononça plus aucun mots du voyage. Les paysages défilèrent, immuables et parfaits. Ignatius cherchait parfois à s'arrêter pour les contempler mais son guide ne lui permettait pas. Le trajet était inégal, tantôt lent, tantôt rapide, c'était au bon vouloir de l'Humain. Après de longues heures de marche forcée, la nuit venait de poindre à nouveau, cela faisait maintenant un jour qu'ils avaient pris la route. Et la fin du voyage se profilait enfin à l'horizon.

Le duo s'arrêta devant un amas de rochers qui semblait former une petite montagne, devant eux, une grille fermait une entrée sculptée à même la roche. Ignatius tenta de distinguer ce qui se profilait derrière cette grille mais tout était plongée dans la noirceur des grottes. L'Humain fit signe au Charr de rester en retrait et il s'avança vers la grille.

Aussitôt, un Norn sortit de la pénombre, de l'autre côté de la grille. Il était imposant et chauve, son visage était couvert de tatouages. Il portait la même tenue que l'Humain. Ils s'échangèrent quelques mots à voix basse puis le guide fit signe à Ignatius de s'approcher, ce qu'il fit sans poser de questions.
Le Norn jaugea Ignatius du regard avant d'exprimer un râle du fond de sa gorge. Il se saisit du bout de la grille d'acier et la souleva à bout de bras, semblant de ne pas sentir son poids. Le duo passa ensuite, échangeant un rapide regard avec le Norn.

Ils s'enfoncèrent doucement sur un escalier taillé dans la pierre qui descendait dans les profondeurs de la terre, au loin, on pouvait entendre des brides de conversations et une petite lueur de torche se profilait au bout de la pénombre.

Ca y est...La fin du voyage...Où suis-je?...

Ignatius Mentem

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Message par Ignatius Mentem Mer 19 Fév - 17:10

~II. Ancienne vie.~


Les pierres étaient glaciales, Ignatius tremblait doucement derrière l'Humain tandis qu'il restait de marbre, impassible. Il semblait être habitué au froid environnant, ce n'était pas la première fois qu'il venait ici et ça n'allait pas être la dernière. La roche avait été taillée il a bien des années, voire des siècles certains diront, les traces d'érosion sur la roche ne pouvait qu’attester son âge avancé. Après une interminable minute de descente, le duo arriva devant une porte de bois, elle semblait close mais les bruits que l'on entendait de l'autre côté laissaient supposer qu'une certaine de quantités de personnes était rassemblée derrière. Une torche accrochée au mur à côté de la porte, éclairait doucement le couple, alors l'Humain se tourna vers Ignatius et soupira doucement, le regardant de haut en bas.

"Attend la fin de l'épreuve, ensuite, pas un mot, pas un geste, tu ne diras rien. Quand Il te posera une question, tu répondras, sinon, tu ne prononceras rien. Tu ne toucheras rien et surtout, ne laisse pas transparaître de peur." fit-il sur un ton d'autorité, pointant son index en direction du Charr.

Quelle épreuve?...Rien dire?...Soit...Juste obéir...

Soupirant doucement, l'Humain ouvrit la porte et pénétra dans la pièce, suivi de près par Ignatius qui ouvrit grand les yeux devant le spectacle qui se présentait à lui. La salle était imposante, une dizaine de mètres de large sur une cinquantaine de long. Des piliers de pierre disposés en long permettaient de soutenir le toit de pierre brut ou bien cela servait-il seulement à la décoration. Deux grandes tables remplies de vivres en tout genres se trouvaient de chaque côté de la pièce, formant un long couloir vers le fond de celle-ci. Sur chaque murs, des torches éclairaient doucement la pièce, soutenues également par quelques chandeliers d'acier de bonnes factures. Derrière chaque table se trouvait deux portes, closes.
Tandis que le duo pénétrait la pièce, la vingtaine de personnes attablée fit silence, dévisageant les nouveaux venus. Il y avait des Norn, des Humains et des Charr, tous vêtus de la même façon que l'étaient chaque personnes jusque là, hommes ou femmes, pas de distinctions. Donnant un coup d'épaule à Ignatius, l'Humain désigna une table, intimant l'ordre à Ignatius d'aller s'y asseoir. Ce que le Charr fit, sans un mot, essayant de ne pas quitter son guide du regard.

Celui-ci partit plus loin et traversa une des portes. Ignatius se retrouva seul, observant chacune des personnes assises à côté de lui. Certains discutaient entre eux, d'autres au contraire ne disaient mots et se contentaient de dévorer la nourriture qu'on leur avait offert. Attrapant ce qui semblait être un quartier de viande de Dolyak, Ignatius commença à le dévorer doucement, le regard rivé sur son assiette, impassible, vierge de toutes émotions visibles, mais à l'intérieur, il était dévoré par l'angoisse, la peur de ce qui allait advenir de lui. Il était perdu et de nombreuses questions chamboulaient son esprit, s'entrechoquant dans un chaos indescriptible.

Je vais mourir...C'était un piège...Non...Ils n'ont pas l'air de vouloir la mort des autres...Pourquoi?...Où suis-je?...Qui est-il?...Qui sont-ils?...


Après une longue heure à attendre, une porte s'ouvrit à gauche du Charr. Aussitôt, une dizaine de personnes entrèrent. Quatre Norn, cinq Humains et deux Charr, ils avaient tous une imposante stature, portant la même tenue que le guide de l'ancien Légionnaire, ornée de la cape à la fibule inconnue. Ils allèrent se placer en ligne entre les deux tables. Un lourd silence s'abattit sur la pièce, chaque personnes observaient les nouveaux arrivants avec une forte curiosité. Dans le rang, Ignatius posa son regard sur son ancien guide. Celui-ci ne tourna pas la tête, se contentant de fixer le fond de la pièce comme ses homologues.

Un des Norn s’avança du rang, il avait le visage marqué par les années, vierge de toute marques. Il était grand, doué d'une stature de guerrier. Ces yeux étaient de la couleur de la terre et ses cheveux grisonnants imposaient une certaine forme de respect. Il porta un regard circulaire à la salle, ne s'arrêtant sur personne, observant simplement. Un rictus fendit son visage et il applaudit, doucement, les plaques de métal de ses gants de cuir s'entrechoquant doucement. L'étrange spectacle divisa la salle en deux, certains s'étonnèrent et d'autres applaudirent en même temps que le vieillard, ne sachant pas vraiment quoi faire.
Il s'arrêta ensuite, croisant ensuite ses bras sur son torse avant d'ouvrir la bouche, sa voix était lente et grave, symbole de son âge avancé, mais elle contenait tout de même une certaine forme de jeunesse qui accentua encore plus l'étonnement de chaque personnes présentes.

"Bien...Bien...Bien...Parias, bandits, mercenaires, voleurs, meurtriers, parjures, et j'en oublie sans doute beaucoup. Vous êtes tous ici car vous avez été amené ici, de gré dans la plupart des cas..." Il poussa un petit ricanement sourd. "Beaucoup de questions doivent actuellement se bousculer dans votre esprit mais ne vous en faîtes pas, les réponses arrivent bientôt. Vous êtes tous des rejetés, des personnes que votre société a transformé en marginaux, sans doute par le fruit du hasard ou par des actes longtemps réfléchis. A vrai dire, je m'en fiche totalement, votre passé, c'est votre passé, et il n'a pas sa place ici. Je peux vous offrir une nouvelle vie, ou votre ancien nom ne signifiera plus rien. Vous serez de nouvelles personnes, mues par des serments inviolables. Mais..." Il poussa un long rire de gorge qui résonna longuement à travers toute la salle de banquet. "Cette place, vous devez la mériter. La mort attend les faibles ici. Vous voilà prévenu...Que ceux qui ne se sentent pas les épaules de continuer partent." Le vieillard désigna l'entrée d'un lent geste de sa main gauche. "La sortie est de ce côté, nous ne vous retiendrons pas."

La mort?...Non...Je ne veux pas mourir...Mais...C'est trop tard pour reculer?...Nouvelle vie...Je veux...Changer...Disparaître...Nouveau moi?...Oui...

A ces mots, trois personnes se levèrent et quittèrent lentement la salle, reprenant l'escalier de pierres, sans un mot. Personne n'osa les regarder, tous gardaient leur regard sur le vieux Norn. Ce dernier sourît une nouvelle fois avant de taper dans ses mains, ce qui fit sursauter bon nombre des personnes présentes.

"Bien ! Maintenant que les plus faibles psychologiquement sont partis, il ne devrait rester que les meilleurs logiquement." dit le vieillard, observant une nouvelle fois la salle.

Un Humain se leva soudainement, le regard empli d'une certaine expression de défi, ses mains posées à plat sur la table. Il dévisagea le Norn avant d'ouvrir la bouche, sa voix était rapide, il ne devait pas encore avoir atteint la trentaine.

"Ah oui? Les plus forts? Et qu'est-ce qui nous dit que vous n'êtes que des faibles qui ne savent faire que de beaux discours?!" hurla-t-il.

Le vieux Norn observa rapidement l'Humain avant de soupirer vaguement, secouant la tête. A la suite de quoi, un des Humains sortît du rang et se jeta contre l'autre Humain, lui plantant sa dague dans sa main droite avec une vivacité impressionnante, laissant le hurleur incapable de réagir. Sa main plantée au bois de la table, il poussa un râle de douleur, son agresseur se placa derrière lui et lui attrapa la tête par sa chevelure blonde, le forçant à garder le côté gauche de sa tête contre le bois. Il restait impassible malgré son acte, se contentant juste de regarder le Norn dans les yeux. Les convives mirent un temps avant de réaliser, beaucoup poussèrent de rapides cris de stupeur tandis que les autres demeuraient silencieux.
Le vieillard soupira doucement avant d'hocher vaguement la tête. A la suite de ça, le vivace lâcha la tête de l'Humain avant d'empoigner la garde sa lame. Il la sortît doucement de son fourreau avant de la lever et d'enfoncer la pointe avant force et vitesse dans le crâne de l'Humain maîtrisé, traversant son oeil et le bois de la table. Aucun son ne sortit de sa bouche, juste une mare de sang qui commença à se déverser sur le sol de pierre. Le tueur rangea doucement sa lame, essuyant le sang sur le bord de son fourreau.

"Nous ne faisons pas que de beaux discours...Ceux qui ouvrent trop leur gueule, la referme aussitôt. Je pense avoir été assez clair désormais." fit le vieux Norn, sur un ton neutre.

Personne ne répondit, le tueur partit rejoindre ces homologues dans les rangs. Son visage était caché par une fine capuche de toile marron, on ne pouvait distinguer que son impressionnante barbe qui descendait jusqu'au bas de son cou ainsi qu'une fine cicatrice qui traversait ses lèvres en diagonale. Aucun des convives n'osa se lever pour quitter les lieux, la peur ou la folie sans doute. Mais la promesse d'une nouvelle vie valait bien le risque d'y laisser son ancienne.

"Maintenant que tout est clair pour tout le monde." reprit le vieillard. "Devant vous se trouve une petite bourse contenant des herbes. C'est là le début de votre nouvelle vie. Vous allez mélanger ces herbes à l'eau que nous allons vous amener. Ensuite, vous avalerez le mélange, sans rien recracher, en une fois. Ceux qui survivront à ca pourront entamer leur nouvelle vie."

En effet, devant chaque convive se trouvait une petite bourse. Ignatius se saisit de la sienne et renifla rapidement l'odeur qui s'en dégageait. L'odeur lui était inconnue, rien qui ne semblait pousser en Ascalon. Il ravala un instant sa salive et ouvrit délicatement la bourse, l'herbe était déjà broyée et préparée, il ne restait plus qu'à la mélanger. La couleur de ces herbes oscillait entre le jaune et le verdâtre, quelques teintes de rouge ressortaient par endroits. Il remplit son gobelet d'eau et hésita un long moment avant de s’exécuter, observant les autres convives.
Chaque personne s’exécuta, mélangeant les herbes à l'eau. Ignatius fit de même, doucement. L'eau prit aussitôt une couleur verte qui faisait penser que l'on avait seulement ajouter de la menthe. Il se saisit de son verre et le leva devant lui, geste que reprirent chaque personne avec lui. Le rang de tueurs se contentait d'observer en silence, attendant patiemment.

Nouvelle vie...

Et il avala le mélange, d'une traite, reposant son gobelet de fer sur la table aussitôt.

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Message par Ignatius Mentem Jeu 27 Fév - 18:18

~III. Poison~

Le liquide s'insinuait doucement au travers de la gorge du Charr, emportant un goût proche d'une ambroisie avec lui. Ignatius doucement des yeux, observant les autres convives. Rien, un silence de mort régnait dans la salle de banquet. Puis, un des convives porta sa main jusqu'à son torse, il hurlait, le visage crispé par une douleur invisible. Tous fûrent pris de panique, certains se levant et voulant fuir, d'autres affrontant calmement ce qui allait arriver. Le poison se diluer doucement dans les veines du Charr, il porta un regard à sa patte droite, celle-ci tremblait inconsciemment, il n'était plus maître de son propre corps. La peur gagna ensuite sa tête, excitant ses pupilles et son pelage, il essayait de rester calme, sans succès, la peur de mourir était bien trop grande. Le rang de tueurs observait à son tour, silencieux, clignant parfois des yeux devant le spectacle de mort qui se dessinait sous leur regard.

Le poison parcourait son corps, se mélant à son propre sang pour mieux agir. La douleur était comme un feu ardent, brûlant tout ce qui passait à sa portée. Les veines du Charr étaient comme parcourues par de la lave, il n'arrivait plus à distinguer la réalité des illusions qui commençaient à se former devant ses pupilles. Une traînée de sang trouva doucement la sortie de son museau, déposant de petites goutelettes écarlates sur la table de bois. Il s'écroula sur la table, bousculant les couverts qui s'y trouvaient encore, inerte. Il demeurait toujours conscient, se laissant gagner par la douleur tandis que les convives s'écroulaient doucement à leur tour, l'un après l'autre. Puis, le silence, le noir, les ténèbres.

"Et lui?...Regarde ses pupilles. Révulsées. Il est mort, comme les autres, il n'a pas passé l'épreuve...Seulement un cette fois..."

Une voix forte tira le Charr de sa torpeur, une voix inconnue, légère, accompagnée de la sensation d'une main qui essayait de passer sous sa tenue, au niveau de son torse. Il cligna plusieurs fois des yeux, le poison n'avait pas eu raison de lui, le sang s'était accumulé sous sa joue, la collant au bois de Gummo. Un grognement sourd provenant de sa gueule fit partir la main de sa tunique.

"Ah...Il semble que non...Hé ! Arlèn ! Ton protégé a survécu, il semblerait !"

Un ricanement sourd provint de derrière le Charr, de la même tonalité de la voix. Ignatius tenta de se relever, grognant toujours d'avantage. Il agissait par pur instinct, n'ayant pas encore retrouvé toutes ses facultés. Debout, il observa un instant sur les côtés et derrière lui; clignant plusieurs fois des yeux, l'étrange spectacle qui se déroulait devant lui n'était pas là pour l'aider à distinguer le rêve de la réalité.
L'ancien rang des tueurs empilaient des cadavres contre un mur, nus, ils avaient été dépouillés de leur ancienne tenue. Leurs yeux révulsés ainsi que les longues traînées de sang séché s'écoulant de leurs nasaux et de leurs gueules ou bouches ne laissaient pas planer de doute quant à leur état de santé, ils avaient tous succombé au poison, en même temps ou l'un après l'autre.
Ignatius tenta ensuite un regard derrière lui, une Humaine à la carrure masculine se tenait debout, les bras croisés sur son buste. Elle avait de fin cheveux blonds coupés très courts. Son visage était cependant fin, légèrement arrondi, gâché par un cache sur son oeil gauche. Elle souriait doucement, détaillant le Charr survivant. Il cligna quelques fois des yeux avant de faire quelques pas sur le côté, vacillant doucement. Une main se posa sur son épaule, l'empêchant de tomber tandis qu'il maintenait une patte sur son front. Ignatius porta ensuite son regard vers le détenteur de la main, il s'agissait de son guide, il se contentait de l'aider, le regard grave et le visage impassible.

Ça y est...Comme les autres...

Le Charr ravale sa salive un instant avant d'incliner la tête, ne sachant pas vraiment quoi faire de plus. Il lui semblait qu'il s'agissait du seul geste de respect qu'il pouvait offrir à son ancien guide pour ne pas le froisser, bien qu'il n'avait aucune raison de le faire. Arlèn soupira ensuite, enlevant sa patte de l'épaule du Charr.

"Tu as bien de la chance d'avoir survécu." fit-il sur un ton proche de la réprimande. "Maintenant, suis-moi, ta journée n'est pas encore terminée."

Et il emprunta une des portes de la salle de banquet, laissant le Charr encore abasourdi le suivre, guidé par son seul instinct de survie. Les longs couloirs de pierres étaient éclairés par de simples brasseros accrochés aux murs selon une distance équivalente entre chaque. Quelques portes jalonnaient encore les couloirs, semblant cacher des chambres ou bien des réserves. Après une dizaine de minutes de marche forcée, le duo arriva en face d'une simple porte de bois. Arlèn toqua doucement à celle-ci qui s'ouvrit lentement ensuite. Le guide resta sur le côté, désignant l'intérieur de la pièce d'un geste de la tête pour le Charr qui se dépêcha de pénétrer à l'intérieur sans autre forme de procès.
La pièce était grassement décorée, un large tapis aux bordures d'or et de rouge couvrait une grande partie du sol. Sur les murs se trouvaient quelques étagères fermées tandis qu'un lit à baldaquin trônait fièrement dans un des coins. Un bureau de bois se trouvait accolé au mur du fond sur lequel s'entassait une certaine quantité de parchemins jaunis ou encore très blanc. Assis à ce même bureau se trouvait le vieux Norn de la salle de banquet, affairé à fumer la pipe tandis qu'il lisait un des parchemins, les jambes croisées sur un imposant fauteuil de cuir de Dolyak. Il releva la tête de son parchemin, dévisageant le Charr rapidement avant de soupirer. Il lui fit ensuite signe d'approcher, ce qu'Ignatius s'empressa de faire.

"Deux..." Il soupira un peu plus. "Moins de la moitié que la dernière fois. Tu te rends compte de ce que tu viens d'accomplir cette nuit je suppose? Ah non...C'est vrai, tu ne sais rien...Comme les autres..." Son soupire reprit de plus belle.

Je ne sais rien? Je n'ai jamais rien su...Qu'il m'explique alors...

Le vieillard se leva doucement de son fauteuil avant de recracher une épaisse fumée. Il posa ensuite sa pipe sur le bureau avant d'y poser ses mains à plat.

"Aujourd'hui, tu as accomplit le premier pas vers une nouvelle vie. Une vie qui ne sera sans doute pas plus simple que ta précédente. Je n'ai plus rien à te cacher. Je vais te faire une proposition." Le vieux Norn se décolla de son bureau avant de se rapprocher d'Ignatius. "Nous sommes des Traqueurs, enfin, c'est comme cela qu'on nous appelle. Mercenaires, chasseurs de primes, tueurs sanguinaires, et j'en passe et des meilleurs. Voilà tout les titres qu'on nous donne. Techniquement, nous sommes des mercenaires appâtés par l'or et les richesses bien que...Il y a quelques...Subtilités..." Il sourit doucement.

"Des subtilités?..." Demanda le Charr en avançant doucement la tête.

"Nous sommes les meilleurs des meilleurs, enfin, on aime à le croire et à le faire croire. Nous faisons passer des tests, et tu as réussi le premier. Les suivants ne devraient pas te poser de problèmes bien qu'ils ne sont pas si simples que ca. Voilà le marché...Tu acceptes de nous rejoindre et tu oublies tout ton passé ou tu refuses et tu retournes à ton ancienne vie de débauche et de misère. Le choix est entre tes pattes." Fit-il en insistant fortement sur sa dernière phrase.

Accepter? Nouvelle vie...Traquer...Tuer...Argent...Richesse...Accepter...


Ignatius hocha doucement la tête en direction du Norn qui s'empressa de taper dans ses mains, faisant vibrer un instant le bois et les murs de la petite pièce.

"Je me nomme Helsën ! Tu as déjà rencontré Arlèn qui t'as guidé jusqu'ici, on t'expliquera pourquoi plus tard. Pour l'instant, suis le une dernière fois jusqu'à tes quartiers ou tu vas pouvoir te reposer, la suite de ton apprentissage commence demain."

Helsën désigna ensuite la sortie à Ignatius qui s'éloigna sans dire mot. Derrière la porte se trouvait Arlèn, attendant patiemment. Voyant le Charr, il prit une nouvelle route sans dire mot.
Après quelques minutes de marche, il présenta une petite chambre à Ignatius, sobre, elle ne contenait qu'un lit, un coffre et une tenture accrochée à un des murs. L'Humain referma ensuite la porte, laissant le Charr seul qui partit s'écrouler sur son lit, épuisé, trouvant le sommeil aussi vite qu'il le désirait.

Traqueur...

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Message par Ignatius Mentem Mer 5 Mar - 21:37

~IV. Les marques~

Quelques notes de harpe s'élevaient doucement dans les couloirs de pierre de la forteresse, berçant doucement le Charr somnolent. Mais au bout de quelques notes, celles-ci se stoppèrent, tirant le ronfleur de son repos mérité. Il avait le pelage encore ébouriffé d'un sommeil agité, accusant le coup de tout ce qu'il avait vécu la veille. Il leva la tête des couvertures sur lesquelles il avait dormi, lançant un regard circulaire sur sa chambre. La simple torche posée à côté de la porte offrait la seule source de lumière et derrière la porte de cyprès, on pouvait entendre quelques conversations s'élevant au loin. Ignatius plissa un instant les yeux et se leva de tout son être, faisant craquer son squelette, faisant résonner les échos des os étirés. Il prit la porte et se dirigea vers les brides de dialogue, refaisant le chemin inverse de celui qui l'avait conduit dans sa chambre la veille. Sur son trajet, chaque porte était close et il ne se sentait pas de les ouvrir pour visiter, bien que la curiosité le piquait au vif. Le Charr arriva à la salle de banquets, seuls les chandeliers éclairaient désormais la pièce dans laquelle les Traqueurs déjeunaient, la matinée se finissait doucement, le sommeil avait capturé Ignatius pendant de longues heures, bien trop nombreuses pour certains.

Arlèn se tourna vers son protégé, soupirant doucement avant de désigner la place à sa gauche sur la table, un plateau était préparé pour le Charr, rempli de nombreuses viandes, poissons et fromages, le tout était accompagné d'un pichet de cidre. Ignatius ne dit mot et se contenta d'obéir, prenant place, il dévora à la suite son plateau sans chercher à comprendre ce qui fit sourire bon nombres des présents.

"Alors? Elle a bien profité la belle aux bois dormants?" fit une voix à la droite d'Ignatius, sur le ton de l'humour.

C'était l'Humaine de la veille, une fine pipe de bois fumante entre sa main gantée. Elle observait le Charr de son seul œil valide. Ignatius répondit d'un simple hochement de la tête, avalant une tranche de jambon séché de Dolyak.

"Je suis Lyur. Désolé pour les attouchements d'hier." Fit-elle en ricanant. "Mais je me devais de t'enlever ton armure si jamais t'étais mort, on les garde pour les nouveaux qui viennent tenter leur chance en général, ça évite le gaspillage."
"Et les cadavres?..." Osa Ignatius.

Un rire tonitruant éclata en bout de table, faisant bondir Ignatius sur sa chaise tandis qu'Arlèn soupira de plus belle, essayant de trouver le calme pour feuilleter son ouvrage qui semblait d'un âge avancé. Le rire venait d'un Charr au pelage de nuit, strié de blanc. Il avait une imposante carrure, encore plus marquée par l'absence de trois de ses quatre cornes ainsi que quelques uns de ses crocs.

"On les viole." Fit-il de sa voix rauque et imposante.

Ignatius ravala sa salive, repoussant son plateau, dégouté. A la suite de quoi, une patte de Charr vint percuter l'arrière de la tête du guerrier qui grogna vaguement, se grattant la partie heurtée de sa tête.

"L'écoute pas gamin... Plaède ne raconte que des conneries...On brûle les cadavres en général."

Ignatius tourna la tête vers le guerrier blessé, observant d'où venait la voix. Une Charr se tenait à côté de l'autre, elle avait un fin pelage de la couleur des lynx tandis que son visage reflétait son âge avancé, d'avantage accentué par les imposantes cernes sous ses yeux bruns. Il cachait son bras droit son une cape de la couleur de l'herbe d'automne qui descendait jusqu'à son genou. De par le peu de forme qui se formait sur les plis de la cape, on pouvait aisément deviner qu'elle avait perdu ce bras voilà des années. Elle observa rapidement Ignatius avant de se tourner vers Arlèn.

"C'est lui que je vais devoir marquer alors?" Demanda-t-elle.

Le guide répondit par un bref bruit de gorge qui plongea Ignatius dans une perplexité renouvelée. La Charr soupira doucement avant d'emprunter une des portes.

"Va la rejoindre, tes épreuves viennent de commencer." Fit Arlèn. "Et sur le chemin, emmène Olfad avec toi."

Olfad?...

"Il doit être en train de se préparer à l'heure qu'il est, dans sa chambre, tu ne le rateras pas."

Ignatius s’exécuta, saluant les Traqueurs encore présents. Il partit à la suite de la Charr, cherchant par la même occasion la personne, ou la chose, qui lui avait demander d'emmener Arlèn. Après quelques pas, une porte attira son attention, elle était grande ouverte. Ignatius passa la tête et observa un instant.
Assis contre un des murs de la petite chambre, un Charr semblait occupé à écrire, une petite harpe posée à côté de lui. Il renifla l'air ambiant et releva la tête de son oeuvre, plissant ses yeux bleus en direction d'Ignatius. Il avait une longue crinière rousse tressée pour ne former qu'une simple natte unique qui venait se poser sur son torse, juste en dessous de son épaule gauche. Son pelage était un peu plus sombre que sa crinière et son visage, fin et allongé, venait le compléter, indiquant qu'il n'avait pas encore beaucoup vécu.

"Qu'est-ce que tu me veux?" Fit-il en direction d'Ignatius.

Se mettant sous le pan de la porte Ignatius l'observa rapidement, ravalant doucement sa salive.

"Arlèn m'envoie chercher un certain Olfad..."
"C'est moi-même." Répondit-il.
"Alors...Euh...Suis-moi..." Fit fébrilement Ignatius, reprenant la route vers la Charr qui attendait un peu plus loin dans le couloir.

Olfad soupira et se leva, il n'était pas plus grand qu'Ignatius ni plus musclé. Il se saisit de sa harpe et l'accrocha au crochet de sa ceinture avant de suivre son homologue qui semblait légèrement apeuré par ce qui l'attendait. La Charr ouvrit la porte à l'arrivée de deux nouvelles recrues, pénétrant sans les attendre. Ignatius emboita son pas, suivi d'Olfad. La pièce qui se présentait à eux ressemblait à un laboratoire. De nombreuses étagères parsemées de bocaux contenant divers restes d'animaux ou bien de plantes ornaient les murs. Au centre de la pièce, une grande table trônait sur laquelle reposaient un mortier et un pilon qui venaient d'être utilisés, une étrange mixture noire se trouvait encore dans le mortier, ne dégageant aucune odeur.

"Assis-toi." Fit la Charr en direction d'Ignatius qui s’exécuta.

Elle se saisit d'un petit bâton de fer qui se terminait par une pointe qui semblait relativement acérée.

"Enlève tes vêtements."

Et il le fit, enlevant seulement le haut de sa tenue. La Charr attrapa ensuite le mortier et elle plongea la tige dans la mixture.

"Au fait...Moi c'est Jhulsia. J'suis désolé de ce qui va arriver, mais on a pas le choix." Fit-elle sur un ton neutre, touillant doucement la tige dans le mortier.

Olfad s'était adossé à un mur et il se contentait d'observer sans dire mot. Il semblait savoir ce qui allait arriver.

"Oublie ton nom, il n'a plus de sens ici. Oublie tes erreurs, elles n'ont plus rien à voir avec ta nouvelle vie. Sur ton corps, elle sera à jamais grâvée. Les marques aident à se souvenir, les marques garderont les serments intacts."

Sur mon corps?...

Le mortier posé sur son genou, Jhulsia fit signe à Ignatius d'approcher sa patte. Elle la retourna, amenant sa paume vers le plafond de pierres. Se saisissant de la tige, elle l’enfonça sur les chairs, les ouvrant et laissant le sang s'écouler. Pendant de longues minutes, elle grava de longs sillons sur la paume du Charr, mêlant la mixture au sang qui venait à se sécher extrêmement vite pour indiquer à jamais l'emplacement des marques. Un triange apparu après coup, un simple triangle dont un des côtés était brisé et venait rejoindre le centre de la paume du Charr. Ignatius grimaçait sous la douleur mais il endurait, il le devait.

"Plus que quatre..." Soupira Jhulisa. "Celle-ci, c'est pour ton nom, car l'ancien est mort et le nouveau va bientôt naître. A travers la mort, pour le renouveau."

A travers la mort...Pour le renouveau...Ignatius Oeilfeu n'est plus?...

Et Jhulsia reprit son œuvre, pendant de longues heures, le sang coulant doucement sur le pelage du Charr. Une marque par paume et une dernière au niveau du cœur d'Ignatius. Elles étaient de formes variées, bien que peu complexes. Se grattant l'arrière de la tête un instant, Jhulsia observa son œuvre et sourit doucement avant de reprendre. Elle relia ensuite chaque marque par de longs sillons qui parcouraient doucement le corps du Charr.

A présent, il était à jamais marqué, à jamais lié dans sa chair.

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Message par Ignatius Mentem Jeu 6 Mar - 22:00

~V. Traque~

Arlèn pénétra dans la pièce, ouvrant la porte sans poser de questions, il plissa un instant les yeux, observant les marques nouvelles d'Ignatius qui commençait à se rhabiller.

"Il a reçu lesquelles?" Fit-il en direction de Jhulsia qui était en train de ranger son nécessaire.
"Les cinq seuls dont il a besoin. Tu sais très bien lesquelles." Répondit-elle, ne prêtant pas plus d'attention que cela à Arlèn.

Ignatius plissa doucement les yeux, serrant les poings comme pour essayer d'oublier la fine douleur qui s'y trouvait encore.

"Tu vas t'y faire. C'est les cinq serments que tu vas devoir respecter à présent." fit Arlèn en s'approchant d'Ignatius. "Tu n’amèneras jamais une personne extérieure aux Traqueurs ici, pas de politique, pas de conflits personnels, pas de traîtrise et pour finir, tu donneras ta vie pour tes compagnons. C'est clair?"
"Très clair..." Répondit Ignatius, sur un ton neutre.
"T'as déjà rencontré Olfad, il sera ton compagnon à présent. Vous partez aujourd'hui, vous commencez les traques, votre dernière épreuve. Revenez en vie, et vous en aurez terminé."

Aussitôt Arlèn sortit une petite feuille de papier pliée qu'il tendit à Ignatius. L'attrapant aussitôt, le Charr la déplia pour en observer le contenu. Il s'agissait d'une prime portant sur un petit groupuscule d'Ascaloniens, cela ne semblait pas bien compliqué et la récompense en or était alléchante.

"Sur le chemin, vous trouverez sans doute d'autres primes, faîtes les si ca vous chante. Mais c'est celle-ci que vous devez terminer. Vous avez tout votre temps."

Ils ne mirent pas longtemps à confectionner leur paquetage, emportant le plus de choses possibles. Les deux jeunes Traqueurs s'attelèrent à leur epréuve, leur dernière. Beaucoup disent qu'ils accomplirent de missions sur le chemin, voyageant d'Ascalon jusqu'à la Kryte. Ils apprirent à se connaître et à se faire confiance, à s'aimer et à se détester. Les nuits étaient courtes et les journées longues mais le voyage valait le coup. Les régions défilaient sous leurs yeux, le monde se dévoilait doucement, avec ses beautés et ses infamies. Une année s'écoula, rythmée par les saisons et les traques. Ils avaient pris leur temps mais ils avaient fini par retrouver la trace des Ascaloniens, nichés dans une petite clairière entourée de rochers, ils préparaient leurs raids sur les Charrs, chaque jour. Les deux Charrs montèrent leur propre camp en amont de celui des Humains, se préparant à une attaque éclair.
Un petit feu avait été allumé sur lequel cuisait deux lapins. Ignatius était assis sur une souche, préparant des balles pour son fusil tandis qu'Olfad s'attelait à faire tourner les lapins. Une fine tension était palpable entre les deux Charrs. Une fois les lapins cuits, Olfad en amena un à Ignatius qu'il dévora aussitôt, ce qui fit sourire son compagnon. Quelques heures s'écoulèrent et le barde se saisit de sa barde, faisant vibrer doucement les cordes. Ignatius leva la tête vers son compagnon, posant sa bourse de grenaille sur son genou. Olfad entama une fine balade, se voulant douce et rassurante.

"Comme le chant des pierres
Qui résonnent en silence
Comme l'eau qui serpente
Et qui gronde sous moi
Tu sais je reviendrai
Dans ma terre d'enfance
Au pays de rêves
Des désirs et des rois

La bas mon amour
Loin de la ville
Il fait plus froid
Et les jours sont fragiles
Brume d'été
Les cloches et les îles
Tu verras
J'irai la bas."


Ignatius pouffa doucement, reprenant son travail.

"C'est où, ta terre d'enfance?" Demanda t-il.
"Comme toi, je n'en ai plus. Elle est maintenant à la Forteresse, avec les autres. C'est là où est notre vie désormais, et nous y retournerons."
"Ils sont dix, nous sommes deux, le calcul est vite fait..."

Un lourd silence tomba sur le petit camp. Le regard baissé des deux Charrs luisaient doucement sous la danse des flammes.

"C'est parce que les marques sont là que je ne peux rien promettre..." Explique Olfad, s'approchant d'Ignatius.

Il approcha doucement sa tête de celle de son compagnon et posa son museau contre le sien.

"J'te fais la promesse qu'on rentrera, tout les deux."

Ignatius s'éloigna aussi sec, soupirant doucement, légèrement choqué ou écoeuré. Il rangea son matériel et se releva, tournant le dos à Olfad.

"Ne fait pas de serment que tu ne peux tenir."
"Je le tiendrai !" s'époumona Olfad.
"C'est moi hein? L'amour de la chanson n'est-ce pas?"

Olfad ne répondit pas, il baissa une nouvelle fois ce qui fit soupirer Ignatius de plus belle.

"Ca vaut mieux pour toi que tu ne fasses pas cette promesse alors, tout ceux qui s'attachent à moi finissent morts en général. Si tu veux vraiment me faire plaisir, garde tes sentiments au plus fond de ton coeur, je ne suis pas de ce bord là, et je ne compte me lier à personne, jamais."

Olfad hocha seulement la tête pour seule réponse laissant Ignatius regagner sa couche. La nuit fut d'autant plus court qu'aucun des deux Charrs ne trouva le sommeil. Au petit matin, alors que le camp des Ascaloniens était encore en train de profiter de la fin de leur nuit, ils agirent. Traversant le camp comme des ombres, ils tranchèrent une gorge, puis deux, trois... Le dernier Ascalonien hurla ce qui réveilla les sept encore en vie. Ils maîtrisèrent les Charrs par leur grand nombre et les attachèrent à des poteaux de bois, les dépouillant de leurs armes au préalable. Le chef des Ascalonien était une brute, paré comme un guerrier, il les observa longuement, cherchant un moyen d'en finir avec eux sans bavures. Le choix se porta sur le feu, purifier les Charrs par les flammes.

On amena une torche dont le chef s'empara, il brûla Olfad sous les yeux impuissants d'Ignatius qui tentait tant bien que mal de se libérer. Après une minute d'effort, la corde de mauvaise qualité ce qui permit au Charr de s'enfuir, laissant son compagnon souffrir avec les quelques Ascaloniens qui n'étaient pas partit à la poursuite du Traqueur.

On dit qu'il ne regagna pas la Forteresse mais qu'il prépara longuement sa vengeance pour ceux que les Ascaloniens avaient fait à Olfad. Il les tua, un par un, prenant son temps avec eux. Olfad avait disparu, tous disait qu'il avait succombé dans les flammes.

"Tu sais je reviendrai
Dans ma terre d'enfance
Au pays de rêves
Des désirs et des rois..."


Ignatius murmura doucement cette phrase à Arlèn qui soupira, posant une main amicale sur l'épaule du Charr.

"Bienvenu à la Maison..." Fit-il en réponse.

Un devint traqueur, l'autre disparu ou périt, les réponses sont à jamais gravées dans les cendres.

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Message par Ignatius Mentem Jeu 6 Mar - 22:09

~Épilogue~
Les années s'écoulèrent, lentes et monotones. Ignatius fit de sa vie celle d'un Traqueur, vivant sur les routes, à jamais fauché comme les blés. Mais les Traqueurs n'eurent pas la belle vie qu'ils escomptaient. Ils disparurent petit à petit, si bien qu'à présent, il n'en reste que trois, Arlèn, Jhulsia et Ignatius. La Forteresse est à l'abandon, plus personne n'y vit désormais.

Dans les bois dorés d'Ascalon, une harpe résonnait, un Charr, il était barde et gagnait sa vie comme cela. Il chantait et composait pour tous, errant sur les routes.

"Là-haut le vent a jeté les orages
Se perdent les amants désunis
Ce que l'on tait
Ce que l'on cache
A lire entre les lignes

J'ai demandé aux sages
J'ai demandé aux livres
Mais ils n'ont rien dit
Et pour notre histoire, j'ai marqué "A suivre"
Au bout de la terre, j'ai attendu la pluie.

Là-haut les vagues brisent le silence
Philtre d'amour et jalousie
Je chasserai les dieux étranges
Tout les dragons de l'île

J'ai demandé aux sages
J'ai demandé aux livres
Mais ils n'ont rien dit
Et pour notre histoire, j'ai marqué "A suivre"
Au bout de la terre, j'ai attendu la pluie."


Et il se releva, rangeant sa harpe. Un coup de vent fit sauter la capuche qui cachait son visage, la moitié droite de celle-ci était brûlée. Il remit son couvre-chef et reprit la route, se rendant dans les villes et villages où il pouvait se reposer et gagner sa pitance quotidienne.

"Et pour notre histoire...Mon compagnon...J'ai marqué...A suivre..."

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