Première Centurie du Khan-Ur
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[Récit] A travers les cendres et les flammes

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Message par Ignatius Mentem Sam 21 Déc - 18:26

~I. Le premier jour.~
Martelant le sol de leurs pattes griffues et couvertes de plaques de fer, la petite armée de Charr marchait d'une cadence martiale réglée par le son des tambours de guerre et le hurlement des Centurions.
Les imposantes machines de siège faisaient vibrer leur carcasse d'acier à chaque petite imperfection du terrain. Elles laissaient s'échapper de lourdes émanations de fumée noire, remplissant l'air d'une odeur nauséabonde.
« Qu'est-ce qui peut bien faire fonctionner ces choses ? » se demandaient souvent les Légions du Sang et des Cendres. Seul le Fer le savait et elle ne comptait pas révéler ce secret si bien que certaines rumeurs avaient vu le jour, admettant que le carburant de ces mastodontes n'était rien d'autres que des cadavres qui pourrissaient dans les geôles de la Citadelle.

La petite armée était composée de cinq cohortes sanglantes et de six manipules du Fer, étrangement, les Cendres étaient absentes, sans doute en avance, devant tout le monde afin de préparer le terrain ou bien de saboter quelques installations.
Il y avait un peu plus d'une centaine de Charr, pour les Tribuns c'était suffisant pour atteindre leur objectif : raser le camp fortifié de Brûleterre tenu par la Légion de la Flamme.
Pour beaucoup de Charr, ça allait être leur baptême du feu. Pas dans le combat, ils avaient déjà tous tuer, mais peu d'entre eux avaient participé à un siège. Il y avait une dizaine de vétérans dans la petite armée, toutes Légions confondues. Mais seulement trois méritaient que l'on s’intéresse à eux.

Nichés dans le tank de tête, trois Charr patientaient, trois vétérans des combats la Flamme.
Chacun appartenait à une Légion différente, deux au Sang et un au Fer.

Ils étaient tous assis dans la pénombre relative de l'intérieur des mastodontes. Quelques rayons d'une lumière crépusculaire transperçaient la pénombre.

Assis, adossé contre un mur d'acier, Ignatius travaillait, ses lunettes d'ingénieur vissées sur son nez, à côté de lui se trouvaient de nombreuses fioles vides ou remplies ainsi que de nombreux sachets d'herbes, d'écailles ou d'autres ingrédients plus ou moins rares et précieux.
Entre les mains de l'alchimiste se trouvait une fiole contenant un liquide rosâtre dégageant une forte odeur se mêlant à celle des ingrédients afin d'emplir la petite cavité du mastodonte d'une odeur désagréable.

La patte appuyée contre une des fenêtres, un des Charr grommela, dévoilant ses crocs dont un était brisé. Son armure du sang était à demi-visible, on pouvait distinguer les marques des nombreux coups portés, impactes de balles et de flèches, rayures de lames.
Son visage était caché dans la pénombre, seule la moitié inférieure était visible. Sa fourrure était de la couleur des lynx, ses yeux luisaient faiblement d'une couleur ambrée.
Observant les paysages ravagés et brûlés d'Ascalon, le Charr ouvrit lentement la gueule, laissant s'échapper une voix grave :
« - Tu comptes nous tuer avant que l'on touche au combat, petit frère ?
-Tais-toi, laisse-moi travailler... » rétorqua fébrilement l'ingénieur.

Grommelant un peu plus, Galhn' détacha ses yeux des paysages de mort avant de se diriger vers son frère, assidu dans son travail, tenant fermement ses fioles afin de ne pas renverses leur précieux contenu.
Attrapant une des fioles, Galhn' tenta de lire l'étiquette, impossible dans la pénombre. Après en avoir arraché le bouchon, le Charr approcha lentement son museau de l'éloigner aussitôt.

« C'est quoi ce truc ? De la pisse de Dolyak ? De Doré ? » S'interrogea le guerrier.

Ignatius se contenta de répondre avec un petit rictus traversant son visage.
Réprimant un râle de dégoût étouffé, Galhn' déposa délicatement la fiole, tranchant avec ses habitudes, vers la paume de son frère qui s'empressa de la reboucher avant de la ranger dans sa sacoche suivie du reste de ses affaires.

Debout, les bras croisés et adossé au mur à l'opposé des deux frères se trouvait un troisième Charr. Éclairé par la lumière crépusculaire, sa fourrure tigrée lui légèrement. Son armure rouge ne couvrait que son torse, ses bras et ses jambes, le reste était recouvert de larges bandes de cuir. Les yeux étaient d'un bleu très marqué, au dessous de ceux-ci, toute la mâchoire du Charr ainsi que son cou étaient recouverts d'un épais foulard aux couleurs de sa Légion. Magoln était son nom, et il était le second frère d'Ignatius.

Grommelant sous son foulard écarlate, Magoln passa ses yeux sur les deux frères qui commençaient à se chamailler, aussitôt les deux Charr se calmèrent, étrangement. L’aîné soupira légèrement avant avant de baisser la tête et de fermer les yeux, il semblait être craint dans la fratrie, il ne parlait que peu, certains allaient jusqu'à dire qu'il était muet.

Soudain, les tambours cessèrent à l'extérieur du tank, l'armée Charr se stoppa aussitôt, abattant un lourd silence dans la plaine. Les arbres morts brûlaient encore d'un feu impérissable, dévorant le bois comme la char des cadavres mutilés et démembrés jonchant le sol. Aucune distinctions dans cadavres, Humains et Charr côte-à-côte dans la mort mais pas dans le combat, pas encore.

La forteresse des Dorés se trouvait devant l'armée des Charr stationnée sur une pleine. Construite à même la montagne, la forteresse était faîte de pierre noire et d'armes fondues. Les remparts étaient haut d'environ huit mètres, ornés de piques et meurtrières. Trois tours dépassaient de la montagne, dominant la large porte d'acier noire qui protégeait la seule entrée visible.
Patrouillant le long des remparts, quatre soldats de la Flamme se stoppèrent net à la vue de la petite armée. Souriant de tout ses crocs, l'un des soldats murmura quelque chose à celui qui semblait être son subordonné et qui s'empressa de descendre des remparts pour rejoindre l'intérieur de la forteresse.

Dans la colonne de Charr, un officier s'avança et leva une patte.
Aussitôt, les tambours reprirent, dans un rythme plus effréné, bien plus guerrier, tout était fait pour impressionner l'ennemi. Il fallait le démoraliser. Mais aucune des deux factions de cette race de guerriers-nés ne perdrait son moral aussi facilement et irait se rendre, ce serait un combat jusqu'à la mort.
Les troupes des Légions étaient prêtes, d'autres soldats descendirent des tanks, mais les Cendres manquaient toujours à l'appel du combat.
Ils étaient les espions et les saboteurs, sans doute se trouvaient-ils déjà à l'intérieur de la forteresse de la Flamme, à tuer les disciples de Feu-de-Bael.

Les tambours se stoppèrent pour la dernière fois, le premier jour venait de s'achever, la bataille allait pouvoir commencer à faire rage.


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Ignatius Mentem

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Message par Ignatius Mentem Dim 22 Déc - 20:54

~II. Le deuxième jour.~

Cela faisait près d'une dizaine d'heures que l'armée de Charr venait de se présenter devant la forteresse des Dorés dont la grande porte d'acier brûlé demeurait éperdument close. La nuit était à demi-avancé et les tentes avaient commencé à être montées, les Troupes passaient leurs armes en revue et les viandes rôtissaient sur les feux mais aucun ordres n'étaient parvenus aux oreilles des Légionnaires, rien qui ne semblait vouloir indiquer que l'assaut allait débuter.

Installés un peu à l'écart de l'armée, la fratrie de Charr dégustait son repas, quelques cuissots de Marmox accompagnés d'une bouillie d'avoine, un repas de soldat. Assis, à côté de Magoln,  sur un tronc d'arbre qui avait été abattu par les Troupes du Fer afin de faire des sièges de fortune, Ignatius gardait son regard plongé dans les flammes dansantes, concentré, se préparant pour les batailles à venir. Galhn', quant à lui, était debout, son regard parcourait la porte des Dorés, alerte et attentif, aucun détails n'échappaient à son regard ambré.

« -Vous croyez qu'on va pouvoir réussir à l'abattre ? Lança-t-il
-Qui sait...Ces tanks ne sont pas là pour faire jolie. Répondit Ignatius
-Toujours est-il qu'ils ont surtout l'air d'être là pour faire jolie... »

Un fin ricanement s'échappa du foulard du tigré. La tension était palpable dans le camp, tous attendait le début de l'assaut, un assaut qui commençait à ressembler à un rêve.

Du haut des remparts des Dorés, les quelques soldats de la Flamme fixait l'armée, attendant patiemment qu'elle porte le premier coup. Discutant avec son supérieur, quelque chose attira le regard d'un Doré, une ombre mouvante au coin d'un escalier. Se dirigeant vers l'ombre, sa lance pointée vers elle, il fut accueilli par une dague traversant sa gorge, lui ôtant la vie sur le coup, dans un cri qui retentit à travers la vallée.
Se détachant de l'ombre qui la cachait, une Charr s'avança vers la petite troupe de Dorés qui venaient de se rassembler en tout vitesse sur le cadavre de leur compagnon. Son pelage était de neige, parcouru de rayures de la couleur de la nuit. Une fine tenue de cuir recouvrait la quasi totalité de son corps, ornée de nombreuses dagues de lancer, couteaux et sacoches.

« Une femelle ! Tuez la ! » Hurla un Légionnaire de la Flamme.

Aussitôt, les soldats se jetèrent sur la Charr qui répondit à cet assaut par une fumigène. Profitant de la fumée et du chaos qu'elle venait de créer, elle se précipita vers le bord des remparts, détacha une corde de sa ceinture et s'en servit pour se jeter du haut de la forteresse.
Déposant pattes à terre doucement, la femelle se rua vers le camp, souriant de plus belle en voyant l'agitant qui venait de se créer dans le camp qui était auparavant aussi froid que la mort.

Un Centurion s'avança vers la femelle, tout sourire.

« Ah...Mentem...Toujours aussi efficace. Et votre Troupe ? » Demanda-t-il.

A ces mots, la Charr désigna la porte. De nombreux Charr s'avancèrent au niveau du Centurion, observant cette dernière.

Quelques secondes plus tard, une impressionnante explosion retentit, faisant voler en éclats la porte et les remparts qui y étaient rattachés. Les corps de la soldat de la Légion Dorée volaient avec les Flammes qu'ils adoraient avant de s'écraser lamentablement sur le sol dur, sans vie.
Il ne restait plus qu'un trou béant désormais pour seule entrée de la forteresse. Les flammes restantes de l'explosion éclairaient le début d'un long tunnel qui s’enfonçait sous la montagne, dévoilant quelques Dorés qui commençaient à monter des barricades de fortune pour retenir l'armée de Charr, mais cela ne servirait que peu.

Apparaissant devant le Centurion, à côté d'Alnéra Mentem, la dernière enfant de la fratrie, trois Charr saluèrent leur supérieur avant de parler à l'unisson.

« Troupe Foudre, au rapport Centurion ! »

Une troupe de saboteurs, d'infiltrés des Cendres. Désormais, toutes les Légions étaient réunis pour les grands combats qui allaient débuter.

Se ruant à travers le camp, Galhn' renversait tout ceux qui se présentaient devant lui, il s'arrêta devant sa sœur, un large sourire sur sa gueule.

« -Alors...Comme ça...Tu étais chez eux ? C'était comment ? Raconte ! Y en a beaucoup ? Vociféra-t-il, agrippant sa sœur par les épaules.
-Du calme Brumesang, elle vous expliquera tout ca le moment venu » fit le Centurion, déposant une patte sur le bras droit de Galhn'.

Se détachant de sa sœur, Galhn' se contenta juste d'hôcher du chef avant d'emporter sa sœur avec lui vers ses frères.
Levant une patte tenant un cor, le Centurion poussa un impressionnant cri de guerre avant de souffler dans sa corne. A ce cri, les Sanglants se ruèrent vers les barricades des Dorés.

Le deuxième jour venait de débuter et avec lui, le bain de sang.


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Ignatius Mentem

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Message par Ignatius Mentem Dim 5 Jan - 15:45

~III. Dans les tunnels.~

Beaucoup de rumeurs avaient circulé vis-à-vis de la défection de Valnus « Croc-de-brume » Mentem. Personne ne savait réellement ce qui l'avait poussé à rejoindre la Flamme, pas même ses propres enfants. D'aucun ne le pensait encore en vie, cela faisait près de six ans qu'il n'avait pas donné signes de vie, pas même les Cendres furent capable de dénicher la moindre information le concernant.
Ses enfants avaient récolté ce que le père avait semé, les graines de la haine. Par tous, ils n'étaient plus que des parias qui ne valaient pas mieux que leur père. Ils avaient vécu avec cela, prenant sur eux, se disant que leur père ne pouvait pas rejoindre les Dorés, lui qui fut un Charr des plus exemplaires.

Valnus « Croc-de-brume » Mentem...
Des cinq enfants qu'il avait eu, un seul hérita de son nom. Le plus chétif de la portée, le plus peureux, celui qui fut détesté du fils qui faisait le plus honneur à la portée.
Pendant toute sa jeunesse, il adula son père, un Charr d'exception, il voulait faire honneur au nom de son père. Mais ce nom si cher à ses yeux devint avec le temps une malédiction. Avec la défection du père, ce nom devint un fardeau à porter pour le fils.


« Pour les Légions ! » hurla le Tribun.

A ce cri de guerre, l'armée de Charr se rua dans la forteresse des Dorés, une vague d'acier allant briser les fragiles soldats de la Flamme qui tentaient tant bien que mal d'aller se réfugier dans les tunnels creusés dans la montagne.
Alors que la fratrie des quatre enfants allaient se ruer à son tour pour réclamer le sang de leurs ennemis, le Tribun se présenta devant eux, les interrompant.

« Pour vous, j'ai une mission spéciale. Vous allez traquer et trouver le Chaman qui dirige cette forteresse. Quand ceci sera fait, vous le tuerez, pas de survivants. Vous avez vos ordres. »

A ces mots, le Tribun partit rejoindre ses troupes. Les ordres étaient clairs, trop clairs. Les enfants se regardèrent tour-à-tour se demandant ce qui avait bien pû traverser la tête des Tribuns pour réunir ainsi une portée qui n'avait jamais réussi à collaborer.

« Ne nous ralentis pas, petit frère... Je n'ai pas demandé à avoir à un boulet accroché à mes pattes... » grogna Galhn'.

Ne répondant pas, Ignatius se contenta d'emboîter le pas de ses frères et de sa sœur à l'intérieur de la forteresse.
Le sol de lave séchée et de pierres fondues était tiède, l'intérieur de la forteresse en sois dégageait une chaleur apaisante, tranchant avec les hurlements de morts qui s'élevaient des entrailles de la terre.

Les cadavres commençaient à joncher le sol, le sang coulait comme une rivière sous les pattes de la troupe. Les Dorés, pris de court, n'avait pas l'ombre d'une chance, la victoire fut éclatante, grisante pour les Légions.
Le Tribun sonna la retraite, la forteresse se vida aussi vite qu'elle ne se remplit. Trois petits heures suffirent à faire tomber Brûleterre.

« La retraite... » dit Ignatius, à demi-mots.
« On sait... Mais on doit trouver le Chaman... C'est étrange, pourquoi sonner la retraite alors que le Chaman est encore en vie ? » s'interrogea Alnéra.

Réprimant un râle étouffé, Magoln' fit taire chacun de ses frères avant que la discussion n'éclate en combat fratricide. Galhn' n'aimait pas son plus jeune frère, tout en lui lui faisait pitié. Ses mots, ses gestes, ses attitudes, sa faiblesse. Ignatius était loin d'être un Charr exemplaire.

Dans les longs couloirs éclairés par la douce lumière des torches, les cadavres se mêlaient aux statues des héros des Dorés, des héros sans nom pour les Charr d'Ascalon. Au détour d'un couloir, des râles firent s'interrompre la troupe. Marchant au milieu des mares de sang, un petit groupe de Dorés semblait avoir survécu au massacre. Ils étaient trois, au vue de leur armure, ils ne semblaient pas avoir dépassé le grade de simple soldat. Des fuyards pour certains ou bien d'intelligentes recrues qui avaient pris le temps de se cacher pour échapper au bain de sang.

S'adossant tous contre un mur, la troupe familiale porta un rapide regard sur les Dorés. A peine Galhn' avait-il posé les yeux sur les ennemis de son peuple qu'il se jeta sur eux, haches à la main.

Déchirant les corps des recrues qui n'avaient aucune chance, un sourire sadique fendait son visage. Il se complaisait dans la mort et le sang de ses ennemis. A présent recouvert des viscères et du liquide écarlate de la Flamme, Galhn' passa sa langue sur ses haches, ricanant nerveusement ensuite.

« C'était bien nécéssaire ? Ils auraient pû nous servir... » soupira Alnéra
« Tu fais partit des Cendres, tu ne sais pas ce que c'est que se repaître du sang de ses ennemis » répondit Galhn' sur un ton oscillant entre l'humour et le sacré.

Soupirant fortement une nouvelle fois, Alnéra observa une dernière fois les corps mutilés et sans vie des Dorés. Leurs entrailles jonchaient désormais le sol, commençant à pourrir bien plus vite à cause de la chaleur de la forteresse. Une odeur putride remplissait doucement les tunnels.

Accélérant leur marche, la troupe passait de tunnels en tunnels, fouillant chaque recoins, cherchant le Chaman dont ils ne savaient rien.

Après de longues heures de recherches, la portée s'arrêta devant une porte d'où émanait deux voix bien distinctes, l'une bien plus grave et solennelle que l'autre.

« Ils ont pris la forteresse Chaman...Il faut fuir... » fit la plus frêle des voix.

Se plaçant de chaque côtés de la porte, la troupe écouta, attentive. Une épée sortit de son fourreau dans la pièce et le bruit des chairs déchirées ainsi qu'un cri retentirent. Le plus frêle était mort.

Seul les plus forts survivent dans la guerre.


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Ignatius Mentem

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Message par Ignatius Mentem Mar 14 Jan - 18:44

~IV. Le prix de la victoire.~

Les longs échos du cri retentirent pendant des quelques secondes qui semblèrent durer des minutes à la troupe familiale. Le hurlement ultime du soldat de la Flamme se répercuta dans toute la forteresse, hérissant de peur les fourrures des survivants et transperçant leurs oreilles.
Ravalant sa salive, Alnéra dévisagea ses frères, elle avait la patte tremblante et le regard apeuré, dans les yeux de ses cadets elle cherchait du courage, du réconfort. Elle avait toujours été la plus peureuse de la portée, presque au même niveau qu'Ignatius, mais lui avait appris à se contrôler, à canaliser ses émotions, elle non. Elle se laissait aisément submerger, quitte à se faire dévaster par la peur ou la colère. Les Cendres étaient devenues pour elle un moyen d'échapper à l'horreur des combats et la mort de ses compagnons, bien que les Cendres avaient leurs lots d'horreurs, elles étaient bien plus simples à appréhender et à vivre.

La porte du Chaman demeurait close, personne n'osait l'ouvrir. A l'intérieur, plus un son hormis celui d'un corps sans vie s'abattant sur le sol. Le silence pensant tapait sur les nerfs de Galhn', si bien qu'il regarda chacun des membres de la troupe, s'arrêtant volontairement pendant un long moment sur Ignatius. Il cherchait à lire la peur dans le regard de son frère, la peur de la mort, de l'inconnu, mais il n'en était rien. Il demeurait stoïque, adossé contre le mur adjacent à la porte, son fusil fermement maintenu entre ses pattes. Son regard se mêla à celui de son frère et ce dernier hocha brièvement du chef avant de faire un rapide signe de main à Magoln' qui se trouvait à la même position que lui, de l'autre côté de la porte.
Sans échanger le moindre mot, les Sanglants se relevèrent et enfoncèrent la porte d'un coup puissant de leur patte. Elle tomba lourdement sur le sol, faisant s'élever un nuage de cendres, masquant l'intérieur de la pièce pour les frères.

S'engouffrant à l'intérieur de ce qui semblait être une chambre bien aménagée, comportant son lot d'agréments dont ne jouissent pas les soldats de bas étage (malgré l'absence de fenêtres, ce qui semblait commun à toutes les pièces de cette forteresse des Dorés), la troupe familiale balaya le nuage de cendres dans leurs mouvements, ils s'arrêtèrent devant le Chaman, se déployant. Alnéra restait derrière ses frères, à côté d'Ignatius. Dégainant leurs armes sans plus de sommations, ils se stoppèrent net en observant le Chaman avec plus d'attention.

Il avait le poil blanc tâché de noir, caché par son épaisse armure d'acier noir de la Flamme, on ne voyait que son visage. Son regard de braise dévisageait chacun des enfants, ne s'arrêtant sur aucun d'eux en particulier. De longs poils blancs, tressés pour ne pas qu'ils soient un handicap, pendaient le long de son museau, s'arrêtant au niveau du collier qu'il portait. Il était faits de crocs et de griffes tenus par une simple cordelette. Sa crinière noire était imposante, elle accusait le nombre des années de même que les rides qui parsemaient son visage. Ses cornes étaient marquées par les combats, recouvertes de marques de coups et de lames. Sa gueule était entre-ouverte, dévoilant ses crocs jaunis par la nourriture et la chair de ses ennemis. Mais ce visage était connu de la troupe, trop bien connu malgré les années qui s'étaient écoulées, ils pouvait aisément mettre un nom sur ce visage.

« ...Les rapports vous disaient morts... » prononça Magoln, ses premiers mots depuis des jours.

Le Chaman haussa les épaules, son visage se fendant d'un sourire, il avança de quelques pas, son espadon suintant du sang de sa dernière victime. En réponse à cela, la troupe se mit en position de combat, chacune de leurs armes braquées sur le Chaman.

« C'est un rêve ? N'est-ce pas ? Dîtes moi que c'en est un...Je ne peux pas obéir à cet ordre... » fit Alnéra.

Elle était tremblante, au bord des larmes. Elle lâcha ses dagues, fixant le Doré que ses ordres intimaient de tuer.

« ...Père... » murmura-t-elle avant de se marcher, lentement, d'un pas lourd vers celui qui lui avait donné la vie.
« Père ? Ah oui...C'est vrai...J'avais des enfants... » répondit Valnus, fixant chacun de ses fils et sa fille.

Les enfants abaissèrent leurs armes une par une. Ignatius fixa Galhn', cherchant une réponse dans ses yeux qui fixaient à présent le sol, tout comme les autres, il était perdu. Personne ne voulait y croire, sans doute était-il un espion pensèrent-ils.
Valnus continua de contempler ses enfants mais son regard ne s'arraitait vraiment sur aucun d'eux, il semblait chercher quelqu'un.

« Et Ialhn ? Où est-il ? Où est mon dernier f... »
« Il est mort ! Il a disparu il y a des années ! Et vous allez le rejoindre, sale traître ! «  hurla Galhn'.

Ignatius tiqua un instant au nom de Ialhn, il lui semblait pourtant inconnu. Aucun de ses frères en portait ce nom, et aussi loin que remontaient ses souvenirs, rien ne lui rappelait ce sois-disant frère, bien que Galhn' ainsi que Magoln' semblaient le connaître tout comme le témoignait l'expression de rage et de peur mêlées sur leurs visages.

Que faire ? Abattre son propre père et obéir aux ordres ? Fuir et rejoindre celui qui a donné la vie ? Beaucoup trop de questions, si peu de réponses pour les enfants de Valnus. Pourtant, la réponse leur sauta aux yeux presque aussi vite que les questions fusaient dans leurs esprits, se jetant sur eux, Croc-de-brume enfonça avec toute la rage du monde son espadon dans le bras de son préféré, Galhn'. Il n'était plus qu'un Chaman de la Flamme, ayant renié jusqu'à ses origines et ses enfants.

La lame traversa le bras du Charr, déversant son sang sur les murs de pierre ainsi que sur le sol marbré. Hurlant de douleur, Galhn' saisit sa hache de sa patte valide et l'abattit avec fracas sur le crâne de son père. S'esquivant au dernier moment, Valnus planta une dague de sa ceinture dans la patte de son fils puis, il posa le regard sur sa fille qui tentait tant bien que mal de ramasser ses dagues. Il s'approcha d'elle, doucement, ses frères l'exhortaient de fuir, mais rien n'y faisait, elle était figé par la grandeur que dégageait son père. Prenant son espadon à une main, ce dernier attrapa le menton de sa fille et plongea son regard dans le sien, il l'observa un long moment avant de briser les os de ses jambes à l'aide de son poing ganté de fer. Le craquement des os résonna à travers les couloirs de la Forteresse, suivis de près par les hurlements des deux enfants.

Magoln' grognait, il ne voulait pas affronter son père mais devait s'y résoudre. Posant rapidement son regard sur sa sœur et son frère qui se trouvait à terre, baignant dans leur sang, il échangea un bref avec Ignatius qui se contenta de répondre par un rapide hochement de tête. Saisissant ses masses, Magoln se rua sur son père, la rage se lisait sur sa gueule, tandis qu'Ignatius armait son arme, mettant son père en joue. Mais trop de précipitation amène aux plus grandes erreurs. Ses forces décuplées par la magie de la Flamme, Valnus lâcha son espadon avant d'arrêter net Magoln dans sa charge, lui maintenant fermement les mâchoires à l'aide de ses pattes.Et il souriait tandis qu'il tenait la vie de son fils entre ses pattes.

Ignatius demeurait immobile, ne voulant pas tirer sous peine de tuer son frère. Il observait, presque déconnecté de la réalité, n'entendant pas les exhortations de Galhn' qui lui intimaient l'ordre de tirer, de mettre un terme à tout.
Un rire tonitruant éclata, venant de Valnus, il commença à serrer avec plus de force les mâchoires de son fils qui essayait de se débattre sans aucun succès. Riant de plus en plus fort, sa patte descendait doucement, emportant avec elle la mâchoire inférieure du Sanglant. Une déchirure se fit entendre suivi d'os que l'on brisait.

La chair était rompu, les os brisés. Ignatius ne voyait que le dos de son frère en dessous duquel une tâche écarlate commençait à se former. Valnus éloigna un peu la patte du corps vidé de force de son fils, il tenait la mâchoire inférieure de ce dernier entre ses griffes. Continuant de rire, il repoussa le corps et la mâchoire avec force, les laissant s'écraser sur le sol avant de reprendre son espadon.

Il marcha doucement en direction de son dernier fils, l'armure ensanglantée. L'Alchimiste tremblait de tout son corps, les larmes aux yeux. Il voyait la mort s'approcher de lui, lente et déterminée. Valnus posa un genou à terre devant son fils qui venait de s'écrouler au sol, la gueule entre-ouverte, pleurant toutes les larmes de son corps.
Mais les larmes laissèrent bientôt place aux hurlements, la lame du père traversa la chair du fils, allant heurter le sol une fois le corps transpercé.

« Je vais te faire un cadeau, fils...Le plus chétif de mes fils...Le plus inutile des cinq... » murmura Valnus aux oreilles de son fils tandis qu'il transperçait la chair de sa chair, lui caressant la crinière dans un geste paternel.

La lame brûlait, elle faisait fondre la chair, libérant une fumée blanche de la blessure. La magie de la Flamme pénétrait les chairs d'Ignatius dans le même temps, le cadeau du père au fils, le seul qu'il n'aura jamais eu. Arrachant son espadon qu'il l'avait enfoncé, Valnus contempla une nouvelle fois ses enfants, meurtris, baignant dans leur sang.
Il sourit une dernière fois avant de se retourner, essuyant le sang sur sa lame d'un revers de la patte.

Une balle fusa, plus aucun sons. Dans un baroud d'honneur, Ignatius venait d'empoigner son arme et appuya sur la gâchette. La balle partit aussi vite qu'une flèche et vient se loger dans le cou du traître, faisant sauter son collier d'ossements.
Portant une patte à sa gorge d'où commençait à s'écouler un flot ininterrompu de sang, Valnus porta un dernier regard à ses enfants avant de s'écrouler, le sourire aux lèvres. La mission était accomplie.



Les cendres ne tardèrent pas à partir à la recherche de la troupe familiale, les trouvant dans une mare de sang, ils furent rapidement rapatrié à la Citadelle.
Magoln ne put jamais reparler, il porte désormais un foulard de la couleur de sa Légion pour cacher cette blessure. Galhn' ne se remit jamais vraiment de la mort de leur père, rejetant la faute sur Ignatius pour la défection du père. Quant à Alnéra, elle préféra oublier, continuant sa vie loin de la portée de ses frères.
La mort de Valnus "Croc-de-Brume" partit rejoindre les dossiers de la Citadelle, classée, terminée.


Bien que ce combat laissa des séquelles graves à jamais marquées sur et dans le corps de l'Alchimiste. Il ne conserva qu'une seule chose de ce combat, un nom, Ialhn. Un frère que tous pensent mort, disparu ou bien partit rejoindre le père dans la traîtrise de la Flamme.


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On dit que l'esprit préfère effacer les souvenirs les plus douloureux, mais aucun souvenir ne disparaît, la vérité est toujours dissimulée, cachée dans les recoins sombres, cachée dans le passé de celui qui la rejette pour mieux vivre le présent.




"Si c'est là le prix de la victoire, je préfère encore faire partit de ceux qui perdent."

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Message par Ignatius Mentem Sam 18 Jan - 1:09

~V. La folie.~

Trente-deux ans que je n'ai plus foulé le sol de fer de la Citadelle, cela me manquerait presque. Mais les errances apportent leur lots de plaisir et de bonheur. J'ai oublié le son des ordres des supérieurs, les cris des entraînements et le chant des canons. A présent, dans ma tête, il n'y a plus que sa voix dans ma tête, sa voix...La voix du Maître.

Je ne pense pas qu'il m'ait jamais aimé, j'en doute fortement, il ne me l'a jamais montré. Mais je fais tout pour, un jour j'y arriverai, un jour, je prendrai la place que je mérite. Je l'ai toujours comblé, j'ai accompli chaque missions qu'il me confiait. Je lui ai amené les enfants, tous, sans exceptions.

Et puis...Parfois...Ils étaient plus forts que moi...Alors, je ne pouvais rien faire, je devais partir, et je ne ramenais rien, à part ma carcasse puante et décadente indigne de lui. Et alors...Il me le montrait... J'existais pour lui dans ces moments là.
Le fouet, la lame, le cuir, le fer. La douleur...Toujours cette douleur, la même douleur. Le froid toucher du fer sur les chairs qui se meurtrissent doucement, et se déchirent. Puis vint la chaleur du cuir, qui tranche le froid installé comme on tranche des récoltes qui viennent de germer. Et Il laissait les récoltes de sang germer. Il les laissait, longtemps, très longtemps, jusqu'au moment où la chair suinte ses liquides nauséabonds. Et quand la nourriture vient à manquer, le corps ne suit plus vraiment.

C'était une juste punition, le Maître ne tolère pas l'échec. Mais j'aime cette douleur, elle me montre que j'existe. Et les jours passent, dans le noir, les odeurs et le sang. Et puis, les fers libèrent mes poignets et je peux de nouveau Le contempler, de toute sa stature. Un nouvel ordre arrive ensuite pour moi, je repars sur les routes, loin de lui.

Le Maître est bon, il s'occupe bien de tout ceux qui tombent sous son aile. Il les aime et les instruit dans la douleur. Mais il avait un préféré...Le Gris...Je le hais, je le hais...Je veux sa mort. Il m'a volé ce que je chérissais de plus. Ma place, ma place auprès du Maître. Alors que c'est moi qui l'avait ramené, une nouvelle réussite, récompensée par un simple sourire qui représente plus que tout. Mais il est partit, et je voulais ma place, mais je ne l'ai pas eu...Je ne l'ai jamais eu.

Mais, par dessus tout ce qu'il m'a offert, il m'a fait oublier. Le passé. J'ai toujours haïe cette forme du temps, cette chose que l'on ne peut plus changer, immuable et qui nous marque à jamais.
Mais bien que, j'ai oublié...Il y a une chose qui reste à jamais gravé dans mon esprit.

Ce visage, je ne peux l'oublier. Beau, apeuré, chétif. Il représentait tout à mes yeux, il était lui, j'étais lui, nous étions un. Je l'aimais, si fort, tellement. Et je lui ai montré, je lui ai fait comprendre que rien ne nous séparerait, il me l'avait promit. Dans la sueur et les larmes, sous les draps, durant les nuits, sous les étoiles.
Ah..Les étoiles, elles me manquent, elles n'ont plus la même signification depuis que je suis partit. Elles étaient belles, mais j'ai oublié jusqu'à la grâce de leurs éclats. Il me l'avait appris autrefois, entre deux cris de douleur, je crois...Je ne sais plus, il criait tellement, mais moi je continuais, je devais le protéger de tout, il était faible, chétif, tout le monde aurait pût le tuer ! Il devait souffrir pour apprendre, pour m'aimer, de gré ou de force. Et dans la douleur, il avait promit que l'on ne se séparera jamais...

Il avait promit...Promit...Promettre...Promesse...Des paroles en l'air. Les jours passèrent, et les années, et je l'aimais toujours plus, et je lui obéissais. Et un jour, rien, la nuit, sombre. Et je me réveillais chez le Maître. Il n'avait rien fait pour me sortir de là. Je l'ai oublié, le Maître est devenu mon nouveau moi.

Famille...Ce n'est rien...Il n'y a que ce que je désire qui compte, le reste n'est que de la poussière, de la poudre aux yeux pour ceux qui cherchent à se rattacher à des choses futiles.

J'étais l'un des meilleurs Charr de ma promotion, un futur Centurion ils disaient. Tu parles...Si il m'avait aidé, je serai devenu le meilleur et lui le frère que j'aurais toujours aimé.

Mais il m'a abandonné...Ignatius m'a abandonné...Alors je lui ferai payer. Je le retrouverai un jour, et je le tuerai. Je le violerai, il n'aura pas le choix. Puis je lui arracherai les griffes et les crocs. Et je lui scierai les cornes...Et il survivra, oh oui, il survivra, il le doit, pour souffrir. Puis, il saignera, pas jusqu'à la mort, il doit vivre, mais doucement.

J'étais autrefois un fils, à présent, je suis un serviteur. Autrefois, je vivais pour un frère, à présent, je vis pour un Maître. Autrefois, j'avais un nom, à présent, j'en ai un nouveau, offert par le Maître.

Finit de rêvasser...Les enfants attendent...Le Maître attend...

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"La folie des uns, fait la réalité des autres, aussi cruelle soit-elle."

Ignatius Mentem

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Message par Ignatius Mentem Sam 18 Jan - 17:29

~VI. Sous la Lune.~

Ambiance:

On ira si tu es sage
Là où naissent les nuages
Je t'emmène faire un tour
Où le monde est beau
On ira perdre nos traces
Là où nos ombres s'effacent
Là où toutes les rivières
Se changent en océan

Elle comme un soleil
Elle parlait de nous,
Elle c'était pour que tu m'aimes
Et elle pouvait même changer nos vies


« Elle », la Lune. J'adore la nuit, sombre, douce, calme. Mais je ne peux m'empêcher de frisonner à chaque fois que ces vers viennent à mon esprit. Pourtant, ils sonnent creux, sans consistance, ils ne représentent rien pour moi, personne ne les a jamais prononcé devant moi. Et pourtant, je parviens à m'en souvenir avec la plus grande des précisions, jusqu'à entendre une voix sur laquelle je ne peux pas mettre de visage. Une voix douce, langoureuse, qui ne me veut pas de mal. Une seule question s'accroche à ces vers, une question simple, sobre. Pourquoi ?

Pourquoi ces vers ? Que doivent-ils signifier à mes yeux ? Depuis que ces mots hantent mon esprit, je n'ai jamais trouvé une seule réponse, pas même un début. Pourtant, je les aime, ils sont beaux, doux. Ils me calment, m'offrent la quiétude qui rien ne parvient à me donner. J'ai toujours cherché à être calme, à ne pas être torturé par des fantômes que je ne connais pas. Mais malgré tout...Depuis quelques temps désormais, la quiétude commence à gagner mon esprit, une personne parvient à me l'offrir.

A chaque fois que j'entends ces doux mots, je ne peux m'empêcher de lever les yeux vers les étoiles. Les étoiles qui complètent la Lune dans ce tableau où deux couleurs suffisent à faire naître les plus belles idées et les plus belles histoires. Un peu de blanc, beaucoup de noir, et voilà, la nuit est devant mes yeux. Je l'observe pendant de longues heures, immobile et impassible. Mes nuits ne me permettent plus de profiter de la douce chaleur d'un lit ou de celle d'une fourrure, alors je profite de la fraîcheur de la nuit. La Lune est belle, magnifique, et j'ai l'impression qu'elle me rend cette curiosité que j'ai pour elle. Elle m'observe et cherche à me comprendre.

Elle n'est pas la seule à chercher à me comprendre, tous essayent. Ils veulent savoir, savoir pourquoi je donne l'impression d'être une personne. Comme tous, je porte un masque, mais mon masque est resté trop longtemps sur mon visage, il est pratiquement devenu celui que je ne veux plus enlever. J'ai presque oublié l'ancien moi, seuls quelques souvenirs parviennent à me le rappeler. J'ai à présent ce besoin de me sentir fort, de montrer que je ne suis plus celui que j'ai été. Je suis faible...

Un tout petit Charr, peu musclé, élancé, le visage fermé, le regard vif, observant chaque détail, chaque recoin. J'étais apeuré par tout et n'importe quoi, les ordres de mes supérieurs, les hurlements de mes frères, de mon père ou de ma mère. Je ne savais pas où me placer, où vivre, quelle était ma place sur cette terre de guerres et de morts. Je pensais l'avoir trouvé quand on ma intégré à la troupe Oeil, ma nouvelle famille. Mais je ne peux protéger personne, pas même ma propre famille, ils meurent tous à cause de moi. Alors, pour ne pas porter le prix de mes échecs, je deviens un autre, quelqu'un qui rejette le passé, quelqu'un qui se fait passer pour quelqu'un de fort alors qu'il est très faible.

Mon père m'a toujours haïe, je n'ai jamais été à sa hauteur. L'amour d'une famille est une chose que je n'ai ressentit, pas même avec mes frères. Pourtant, j'ai ce sentiment au fond de moi que quelqu'un m'a offert son amour autrefois, mais je ne sais pas qui. Je ne peux me le rappeler... Des années de ma vie semblent avoir disparues, comme emporter par la marée que la Lune fait naître. Huit années, huit...Comment est-ce que je peux en avoir oublié autant ? Pourquoi est-ce que je les ai oublié ?

J'aimerai que quelqu'un m'aide à m'en souvenir, mais j'ai peur...Peur de ce que peuvent contenir ces années et ces souvenirs. Je ne veux pas souffrir, je ne veux plus. J'ai tout perdu, je ne désire pas désormais perdre mes espoirs.

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"Sous la Lune j'attendrai, à jamais, jusqu'à ce que tu me reviennes ou que la Mort ne vienne."

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