Première Centurie du Khan-Ur
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[Récit] De la braise aux ténèbres

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Message par Evoth Dustmantle Mar 1 Oct - 20:37

Histoire :


1] Et les braises devinrent cendres :

C'est quelque-chose les lignées. Parfois elles sont une bénédiction, et parfois elles portent une malédiction. Parfois grandioses et parfois insignifiantes. C'est d'une lignée que nous allons parler maintenant. Une lignée qui porte un héritage dont personne ne voudrait, ici-bas.

Parce que dans notre peuple, les fiers Charrs, la magie c'est un artifice. Une forme de lâcheté et l’utilisation de puissances qu'on ne maîtrise pas. Un pouvoir provenant d'entités puissantes qui sont des ennemis, des faux-dieux. Les Charrs prônent la force, la domination, ce que l'on a dans les mains et dans la tête et avec lequel on écrase les ennemis. Les Charrs sont matérialistes et intelligents, la magie est abstraite et indomptable. Pas étonnant que cela ne fasse pas bon ménage.

Et pourtant, même parmi un peuple aussi fier et brutal, certains naissent avec un don particulier pour maîtriser les toiles emmêlées que représentent les magies. Ce qui était le cas de Radon.

Radon, un nom qui soulevait la fureur à la citadelle noire. Radon Embermantle avait été un soldat, un légionnaire. Mais son règne s'était embrasé lorsqu'il embrassa sa destinée, l'héritage de ses géniteurs, la magie. Il avait rejoint la légion de la flamme pour accepter ce pouvoir, ce mysticisme et ce feu qui coulait dans ses veines. Il n'aura pas fallu longtemps pour que son nom soit connu, redouté, détesté. Incinérateur, voilà l'image que lui donnaient les trois Légions. Un chamane de lave capable d'embraser les chairs et le fer, réduire une troupe à l'état de cendres et métaux fondus en quelques instants. Un ennemi redoutable, un ennemi à surveiller, un ennemi à éliminer.

Fort de ces recommandations, la Légion des Cendres espionnait la tour obscure de lave froide dans laquelle il avait dressé ses quartiers. Expérimentant et attirant à lui un pouvoir toujours plus puissant. Terica Griffeleste observait, nichée sur un pic rocheux à une cinquantaine de mètres, l'oeil dans une longue vue. Cachée sous une bâche en cuir d'une couleur similaire aux pierres, l'espionne ces cendres notait tout ce qui était utile et important pour transmettre son rapport par la suite.
L'espérance de vie de Radon Embermantle avait déjà dépassé celle des Charrs depuis quelques décennies, aussi si sa magie et son pouvoir le conservaient et lui accordaient une éternité sans fin, il fallait bien trouver un moyen de le stopper en cours de route.
Les observations étaient soit ennuyeuses, soit terrifiantes. Lorsqu'il ne méditait pas ou n'étudiait pas des reliques et des ouvrages de la légion d'Or, il expérimentait sur des prisonniers ses sortilèges, mesurant leur vitesse de combustion face à un feu nourri de son crû. Des expériences qui avaient tendance à couper l'appétit de Terica.
Elle notait néanmoins ses expériences, voyant que le temps qu'il mettait à les immoler se réduisait petit à petit. Peut-être qu'il réussirait à passer sous la seconde à ce rythme, l'odeur était écœurante.

Il était temps de bouger, essayer de mettre la main sous quelque-chose de comestible dans les environs. Glissant sous la bâche, elle laissa la longue-vue en sécurité avant de ressortir à l'autre bout, derrière un rocher. Cette planque avait le mérite d'échapper à la combustion du décor, impossible ici de se cacher dans un buissons ou un arbre sans le retrouver grillé après quelques jours. Un avantage qu'elle ne pouvait négliger lorsqu'il s'agit d'espionner un Chamane pendant des semaines, loin de sa troupe.

Saisissant son arc et une flèche, elle descendit un sentier vers les zones moins calcinées. L'idéal serait de trouver un lapin dans une des zones encore boisées, de quoi manger pour un ou deux jours en supportant la faim. Elle sauta d'une grosse pierre, franchissant la zone démarquée par l'odeur de bois fraichement brûlé, se glissant derrière un arbre pour observer. Patiente, elle dénicherait tôt ou tard un gibier.

Une heure, peut-être deux. Un lapin pointe ses oreilles, il gratte la terre à la recherche d'une racine peut-être. Il n'entends pas le grincement lent d'un arc que l'on bande en douceur. Sifflement, impact, et il est cloué au sol par la flèche.
Sortant de sa cachette, Terica ramassa son butin, récupérant sa flèche pour ensuite l'essuyer et la faire glisser dans son carquois. Ses mains griffues achevèrent le lapin dans un bruit sec, avant qu'elle ne perde aucun temps pour le dépecer et le dévorer. Le goût du sang et de la chair tiède lui souffle le gout sec et aride de Flambecoeur, une petite victoire sur un environnement poussiéreux et magmatique.

Accrochant la peau a sa ceinture, la Charr remontait sans guère d'entrain vers son perchoir, sinuant sur des chemins déserts en rasant les rochers au cas ou une patrouille serait frappée de zèle. Prudente, elle savait ou marcher pour ne pas laisser de traces et n'éveiller aucun soupçon, sans quoi ils n'auraient pas de mal à ratisser la région pour la retrouver. La Légion d'Or était nombreuse par ici, Embermantle avait de nombreux séides.

Approchant du rocher, elle s’apprêtait à se glisser sous le cuir lorsqu'elle remarqua son absence.

Un moment de flottement avant qu'elle ne se jette au sol, esquivant de justesse un espadon qui tinta contre la roche en ratant sa cible. Agile comme une anguille, elle glissa déjà ses poignards dans ses pattes tout en se rétablissant face à son assaillant. Un charr au pelage terreux la fixait avec un air vicieux, grondant tandis qu'il replaçait son espadon en position d'attaque. Entre ses grondements, il se permit de lui offrir une reddition : "Reprends la place qui est la tienne, Femelle, ou tu n'aura plus la moindre place en ce monde !". L'espionne des cendres déclina l'offre d'un simple mouvement de tête. D'un geste puissant, il le soldat de la flamme leva son arme pour l'abattre sur Terica, bien décidé à en faire des tranches. Elle bondit en avant, poignards prêts, s'infiltrant dans sa défense pour enfoncer une lame dans l'aine, lui tranchant une artère d'un geste sec. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour qu'il lâche son espadon, posant un genou à terre avant de se vider de son sang et s'y étaler.

C'était mauvais signe, Terica flairait l'air, reculant prudemment. La légion de la flamme ne patrouillait jamais seule, s'il avait découvert sa cachette elle devait quitter la zone rapidement.

Un froissement se fit entendre, tandis qu'elle retrouvait son abri de cuir, lui masquant le soleil avant de s'abattre sur elle. Se débattant, elle reçu des coups au travers de ce refuge qui était désormais un piège l'empêchant d'être libre de ses gestes et sens. Quelques coups de plus et elle s'effondrait au sol, perdant connaissance tandis que ses côtes la faisaient souffrir au contact brutal des poings et pieds la molestant sans retenue.

Le réveil ne fût pas moins douloureux, le corps endolori et engourdi, elle sentait des fers lui maintenir les poignets et les chevilles. Au vu de l'odeur de brûlé elle devina d'un seul reniflement ou elle se trouvait, et les perspectives d'avenir lui parurent bien peu joviales. Ouvrant un oeil, elle vu flou quelques instants, devinant ce qui se dessinait devant elle. Une table couverte d'outils, un brasero, une cage sur sa droite qui contenait sans doute des ossements calcinés, et face à elle : Une silhouette sombre dont les mains et les yeux semblaient faits de feu vivant. Le coude reposant sur l'accoudoir d'un trône, son poing serré de lave soutenait sa joue. Le regard dirigé vers Terica, il semblait l'observer dans une attitude suffisante et lasse, de quoi agacer la plus aiguisée des captives.

"-Alors c'est ça, le cadeau que les Cendres m'offrent aujourd'hui ? Décevant."

Se contentent de grimacer, elle ne voyait pas l'intérêt de rajouter quelque-chose, de toutes façons sa situation était pathétique. Elle allait devoir être suffisamment dure pour mourir avant d'avoir lâche quoi que ce soit sur sa légion, sous la torture. Avec de la chance il voudrait seulement la brûler vive et ca ne durerait que quelques instants. Avec de la chance.

"-Nous allons voir ce que vous apprenez en matière de conserver les secrets, vous qui vous faites un plaisir de les collecter." Ajouta-t-il.

S'approchant d'elle, le chaman posa sa main de lave sur le bras de la Charr, un bruit de brulure, une odeur de poils brûlés. Elle serra les mâchoires pour étouffer un grognement qui devint rapidement un cri de souffrance. Décidément, la torture de la Légion d'Or était diaboliquement simple et efficace. La séance dura des heures, elle finit par perdre conscience, la voix éteinte.

Les jours suivants ne furent pas beaucoup plus réjouissants pour Terica. Le Chamane de feu appréciait l'usage de la brûlure, principalement de ses propres mains et griffes. La douleur était toujours intense, intacte, insoutenable. Malgré cela, elle ne lâcha rien de plus que des râles et des cris. Pas d'informations, pas même de mensonges - elle était trop épuisée pour ca - rien.

Tournant autour, fouettant l'air de sa queue embrasée, le Chamane réfléchissait. La brûler vive le soulagerait sans doute, mais ne lui donnerait aucun bénéfice. Continuer à la torturer ne mènerait certainement qu'à la tuer à petit feu, sans en retirer davantage. Il se prenait d'une haine embrasée envers l'espionne réticente, et la patience n'était pas son fort. Aussi il décida de faire ce à quoi elle ne s'attendrait pas. Lui retirant le reste de dignité qu'elle avait d'une patte, et bloquant sa mâchoire avec une sangle, le Chamane décida d'utiliser cette femelle comme le prônait sa légion, afin de grossir leurs rangs après avoir fait grossir son ventre. Difficile de savoir ce qui acheva le plus Terica, l'humiliation ou la douleur de ses mains ardentes la maintenant fermement, toujours est-il qu'elle n'eut pas la chance de perdre connaissance cette fois.

Mais au moins la torture physique prit fin, si on omet les tentatives régulières d'Embermantle pour s'assurer une descendance au plus vite. Elle eut même droit à de la nourriture, et une fois la graine plantée, à une cage plutôt qu'être suspendue. Quel agréable confort, pour une espionne qui détestait de plus en plus son geôlier, et rêvait de l'égorger sommairement chaque fois qu'elle posait le regard sur lui. Mais croiser son regard, faisait naître à nouveau la terreur en elle, aussi elle s'abstenait de regarder ce monstre. Elle songeait chaque jour a ce qui adviendrait de ce ou ces nouveaux-nés, lâchés loin de leur vrai peuple et élevés dans une tyrannie mégalomane permanente. Elle songeait au pouvoir de ce Chamane et de ce qui adviendrait s'il se transmettait à ses Charrtons.

Au fil des mois précédant "l'évènement", elle tentait de mettre en place un moyen d'évasion, mais devant le peu de moyens disponibles elle dû se résigner, jusqu'au jour ou elle mit bas un Charrton, noir tigré de gris foncé. Une couleur peu commune et reflet de son héritage, mais maintenant elle avait quelque-chose à protéger, et il fallait trouver comment. Tant qu'il serait encore dépendant d'elle Embermantle ne pourrait pas l'emmener et l'endoctriner, elle avait quelques semaines de répit pour espérer une occasion.

Un coup du destin, ou le hasard voulant épargner un avenir sombre à ce Charrton, un autre membre de la troupe de Terica infiltrait la tour à la recherche de traces de l'espionne disparue. Une opération risquée qui n'avait pu voir le jour que parce que Radon Embermantle devait relever ses allégeances à la Légion d'Or et répondre à l'appel de Feu de Bael.
Les sentinelles ne furent qu'un jeu d'enfant pour un Soldat des Cendres, un poignard dans la nuque, un coup de lame en travers de la cage thoracique, c'était assez de marge pour que Lerseer Griffenoire puisse se faufiler vers les hauteurs. Le son de pas se fait entendre dans l'escalier, leste, il monte le long des parois et se dissimule contre le plafond. Un pas, deux pas, il retombe sur le garde, traversant sa gorge d'une lame avant de l'accompagner dans sa chute pour amortir les sons. Il continue à monter, atteignant la pièce centrale pour constater le spectacle désolant des facéties d'Embermantle. S'approchant de Terica, ils n'échangeront que quelques mots :

"-Prends le et emmène le au Fahrar, qu'il s'appelle Evoth et soit digne de notre légion, je suis trop faible pour revenir avec toi.
-Tu sais que j'ai agi sans l'accord du Légionnaire, tout le monde te considère comme tombée au champ d'honneur.
-C'est presque le cas, ce que j'ai enduré ici m'a brisée, je ne vivrai plus que quelques semaines s'il ne me tue pas avant.
-Mhr. Compris, j'ouvre ta cage et je te laisse ce poignard. Fait-lui payer au mieux le prix de ce qu'il t'a fait, nous a fait.
-Adieu, Lerseer.
-Adieu, Terica."

Déverrouillant la cage, l'assassin laissait sa compagne à une mort certaine, mais mieux valait qu'elle meure l'arme à la main que d'un faux pas dans les pentes rocailleuses. Il n'avait pas de temps à perdre, emportant le charrton dans dans un linge passé en bandoulière, il ressortit par son entrée d'acrobate un peu plus chargé qu'a son arrivée : d'un charrton et d'une colère sourde qui ne le quittera peut-être jamais.

Dans sa cellule, Terica caressait le tranchant du poignard de son pouce, se remémorant ces années passées dans la légion, le Fahrar, tout cela semblait si loin. Elle ferma les yeux, cachant le poignard et gardant la lame dissimulée sous le peu de dignité qu'il lui accordait. Le temps aurait pu défiler indéfiniment désormais, suspendue dans ses souvenirs.
Lorsque Radon Embermantle revînt à la tour, il fut prit d'une rage noire en découvrant les sentinelles éliminées. Se précipitant à l'étage, il vit sa prisonnière toujours captive, mais le Charrton manquait. Se ruant vers la cage, il en attrapa les barreaux pour la secouer en beuglant.

"Ou est mon enfant, misérable femelle !"

La porte n'offrit aucune résistance à ses secousses, s'ouvrant en pivotant sur ses gonds. La surprise se lisait sur son visage face à cet imprévu, tandis que la soldate se jetait sur lui - vive malgré les mauvais traitements - poignard en pleine patte. La lame pénétra l'avant bras du chamane dans un rugissement de douleur, faisant couler un sang épais aux couleurs de métal en fusion.

La seconde qui suivait, une bourrasque d'air enflammé projetait Terica contre le fond de sa cellule. Une seconde de plus et ses os calcinés à peine maintenus les uns aux autres s'affaissaient dans le fond de la cage comme un pantin désarticulé.

La délivrance, enfin...
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Message par Evoth Dustmantle Mar 1 Oct - 20:38

2] Des cendres à la terre

La jeunesse d'Evoth fût loin d'être une partie de plaisir, car au fahrar son origine ne fût pas longtemps dissimulée. Certains charrtons y évoluent anonymes, méconnaissant leurs origines. Dans le cas d'Evoth, c'est comme si la légion entière souhaitait lui rappeler qu'il n'était que le rejeton d'un renégat, et lui faire amèrement payer les vies que son géniteur avait consumées. Aussi il était fréquent qu'il ait à se battre contre les autres charrtons, puis charrs juvéniles, et il n'avait pas souvent l'avantage. Il en devint un jeune charr renfermé, peu enclin à provoquer les autres ou se vanter comme aiment tant le faire les jeunes en quête d'attention. Il faut aussi dire qu'à la légion des cendres, on entraîne les charrtons à des méthodes de combat agiles et vives, et Evoth était loin d'être taillé comme il le faudrait. Grand et massif, son physique aurait pu rivaliser avec ses pairs dans la Sanglante, mais ici il était dans les Cendres et son corps était plus un poids qu'un atout. Lent et placide, il développait néanmoins une intelligence supérieure, enfouie derrière son pelage noir strié de gris.

Observateur, analytique, Evoth était de ceux qui pensent avant d'agir. Parfois bien trop pour son propre bien d'ailleurs, en témoignaientt les autres jeunes du Fahrar qui le surpassaient largement en réflexes et en vivacité, le désarmant ou le maîtrisant tandis qu'il essayait tant bien que mal d'associer ses analyses à des actions rapides.

C'était vain, il était un mauvais éclaireur, un combattant décent au poignard ou à l'épée. Peu adroit aux pistolets ou à l'arc. A le regarder ainsi tous savaient qu'au mieux il resterait Soldat toute sa vie, au pire il mourrait rapidement sans trop handicaper sa troupe, si tant est qu'une troupe voudrait de lui.

Oh il n'était pas mauvais, il était tout juste décent, voire moins.

Magena était installée dans un coin du Fahrar, c'était sûr elle serait légionnaire dans la semaine. Elle avait noté sur un parchemin le nom des jeunes du Fahrar prêts à rejoindre une troupe, les avait tous personnellement évalués sans même se faire remarquer, elle parcourait à nouveau la liste, rayant les noms de ceux qu'elle préférait ne pas emmener.
La plume s'arrêta sur le nom d'Evoth, elle se plaça à sa gauche, formant le point qui démarrerait la rayure.

"Emmêne-le dans ta troupe." Dit une voix.
"Il ne fait pas le poids, ce n'est pas un bon soldat, il avait davantage sa place dans la Sanglante." Répondit Magena.
"Il est massif, mais surtout intelligent. C'est un atout qui t'apportera beaucoup et complètera ton arsenal." Renchérit la voix.
"Pourquoi tiens-tu à ce que je l'emmène, au juste ?" Interrogea-t-elle la voix.
"Parce qu'il à un fort potentiel, mais tu le comprendra plus tard." Reçut-elle en réponse.
"Soit, je vais prendre le risque."

Elle n'eut plus aucune réponse, la voix s'était en allée comme elle était venue. Magena déplaça sa plume, rayant un autre nom de la liste. Demain elle irait leur offrir la chance de rejoindre sa future troupe, et ceux qui voudraient la laminer pour prendre sa place tâteraient de ses lames.

Alignés en rang d'oignon, les Charrs prêts à rejoindre une troupe se faisaient sélectionner par les jeunes Légionnaires, les meilleurs parmi les meilleurs. Les noms fusaient, les Charrs rejoignant fièrement leur future troupe. Le nom d'Evoth fût prononcé, d'une voix à la fois douce et autoritaire, un mélange de velours et de fer. Un choix qui ne manqua pas de surprendre le Charr bougon. Se tournant vers Magena, il la rejoint en quelques lentes enjambées, se plantant devant elle pour lui demander :

"Pourquoi ?"
"Parce que" Répondit-elle, sans se démonter ni se justifier.
"C'est insuffisant comme argumentation." Ajouta Evoth.
"C'est la seule que tu auras, et ce sera "Oui Légionnaire", sauf si tu préfère rester ici." Répondit Magena, balayant le Fahrar d'un regard qui en disait long.

Evoth n'eut pas besoin de suivre son regard, il était évident qu'il ne voulait pas rester ici, aussi se contenta-t-il d'agréer et se ranger avec les choisis. Il n'aimait pas beaucoup qu'on le prenne de haut, ni qu'on le prenne par surprise de la sorte. Mais c'était mieux que rien.



La dizaine de charrs quitta le fahrar, en file indienne. Leurs paquetages prêts, leur matériel rangé et prêt à servir. Evoth était en queue de la file, il voyait constamment les regards se tourner vers lui. Des regards mauvais, dédaigneux pour la plupart. Tout ceci était son quotidien depuis le Fahrar. Il n'était ni bon, ni taillé physiquement pour les cendres, ni apprécié. Certains l'appelaient "Fils d'Or", en référence a la rumeur s'étant rapidement répandue sur ses origines : Un père chaman de la flamme et une mère ayant échoué à son devoir ; une moquerie récurrente qu'il n'avait pas eu le choix d'ignorer. Ils étaient majoritairement contre lui, et il ne gagnerait pas, alors autant se résigner et attendre le bon moment. Il songeait maintenant à fuir en profitant d'être sorti du Fahrar, mais pour aller ou ? Il ne connaissait presque rien du monde si ce n'est les on-dit sur ces humains faibles et grouillants, si ce n'était pire.

Encore une fois il allait devoir se résigner à endurer ces regards. Mais loin du Fahrar et du Primus, les esprits risquaient de s'échauffer, ils allaient certainement tenter d'aller plus loin en dépit de leur Légionnaire. Il allait devoir être prêt, au bon moment. Ils traversèrent les plaines durant toute la journée, leur affectation les amènerait du côté des steppes de la strie, secteur oriental. Ils étaient encore tenus à bonne distance de la flamme ou des humains, mais peu de doute, s'ils s'avéraient efficaces ils se rapprocheraient des murs de Noirfaucon.

Le soleil passa du Zénith au couchant, ne laissant plus que des ombres projetées du décor, favorisant les déplacements rapides et furtifs de la troupe des poussières. Les regards et murmures s'étaient calmés, ce soir serait peut-être le moment de voir jusqu'où leur Légionnaire pouvait les mater. Les poussières s'enfoncèrent dans les bois, allant camper sous le couvert des arbres et profiter de leur discrétion. Ils dressèrent un feu a l'abri d'une pierre plate, Magena s'avançant vers eux :

"Mordspoussière, Débitepoussière, allez chercher à manger pour la troupe" Annonça-t-elle d'une voix autoritaire.

<checkpoint>
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